Piques et répliques – 2

Quelques réflexions critiques sur tout et rien

Archive pour la catégorie 'Télévision'


Mais c’est qui, ce type ?

2 mai, 2010
Télévision | 5 réponses »

Emission Infrarouge de la TSR du 27 avril : Ecoles islamiques, burqa, faut-il tout accepter ?

http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=500000&bcid=751833#vid=11998576

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Vous avez des idées extrémistes ou complètement farfelues ? Vous avez réussi à réunir 1000 personnes (soit moins de 0,2 % de la population suisse) sous votre bannière ? Les plateaux des émissions politiques des télévisions suisses seront à votre disposition !

La dernière émission d’Infrarouge invitait justement Nicolas Blancho, un islamiste (qui représente justement un millier de personnes réunies dans un obscur « Conseil central islamique suisse« , qui semble plaire énormément aux médias, comme en témoigne sa présence dans un grand nombre de  journaux et dans les émissions de télévision (en particulier, et dernièrement, Arena et Infrarouge). Mais qui est ce personnage, qui représente-t-il ? Un mouvement extrémiste qui comprend 1000 personnes… la belle affaire. Face à lui, une élue du peuple, Martine Brunschwig-Graf.

Les médias surfent sur la vague anti-minarets pour faire de l’audience et toutes les histoires qui ont un lien avec des musulmans marginaux sont mises à profit pour faire du bruit. Sans aucun esprit critique. Il n’est pas question ici pour moi de proposer de faire tomber une chape de plomb définitive sur toute information impliquant l’intégrisme islamique, mais de dénoncer une propension à ne parler des musulmans QUE quand ils expriment des idées ou des pratiques en confrontation avec le mode de vie helvétique. La grande majorité des musulmans, il est surprenant qu’il faille aussi souvent le répéter, est bien intégrée et se conforme aux lois et aux coutumes de notre pays. Mais cette majorité n’a pas sa place dans les médias, qui préfèrent laisser donner de la voix aux hurluberlus (pour reprendre un terme de Christian Lüscher à propos de Nicolas Blancho).

Parler, un peu, de ces gens, d’accord. Mais leur laisser toute la place, non ! J’aimerais que les médias prennent le temps de réfléchir au plateau d’argent qu’ils offrent à un extrémiste en mal de publicité. Supposons que je crée un mouvement complètement marginal et décalé, que je propose de contraindre les femmes (ou d’autres personnes) à des obligations contraire aux habitudes, que je me costume en conséquence, que je me débrouille pour réunir un millier de partisans… Est-ce que la télévision m’invitera aussi pour débattre face à des politiciens nationaux ? Non ! Alors, pourquoi ce type qui ne représente presque personne ?

Quant aux grands dadais qui nous assuraient que le fameux « signe » donné en interdisant les minarets allait faire taire tous les extrémistes, ils peuvent prendre acte ici de leur échec sur toute la ligne : il leur a au contraire donné un énorme élan !

Daniel 

« C’est la décizion du Conzeil fétéral ! »

16 avril, 2010
Télévision | 3 réponses »

Téléjournal 19:30 de la TSR du 15 avril 2010 : Interview d’Ueli Maurer

http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=500000&channel=info#program=15;vid=11966399

 

On entend parfois radoter que l’UDC serait un parti qui échappe à la langue de bois. Cela est parfaitement vrai dans le cas d’un Yvan Perrin, homme à la sincérité absolument désarmante, cela peut à la rigueur sembler vrai au vu des affiches à tendance ordurières que le parti étale sur toutes les façades de Suisse…

Mais quand son président parvient au pouvoir…

 

Le rapport de sécurité ne tient-il pas de la « salade russe » ?

C’est un bon compromis, c’est la décision du Conseil fédéral.


Peut-être un succès pour le Conseil fédéral, mais pour vous, franchement, tout le monde sait que ce n’est pas l’armée que Vous souhaitez ou dont vous rêvez en tout cas.

Je suis conseiller fédéral, c’est un compromis, c’est la décision du Conseil fédéral.

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Sur l’engagement international, en particulier, visiblement, ce n’est pas votre ligne qui est retenue ?

C’est la ligne du Conseil fédéral, c’est un compromis, c’est la décision du Conseil fédéral.

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Vous avez fait l’éloge du Général Guisan, cette semaine encore. On lui aurait dit que l’armée suisse, on pourrait ne pas la faire sur un simple voeu. Il se retournerait dans sa tombe, non ?

Non, je ne crois pas. Guisan a formé une armée très moderne. C’était un compromis, une décision du Conseil fédéral.

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On a beaucoup dit que vous étiez isolé, seul contre les autres conseillers fédéraux, c’est vrai ?

Je suis membre du Conseil fédéral, on a trouvé un compromis. C’est une décision du Conseil fédéral.

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C’est-à-dire, en traduction « moins langue de bois » ?

On a trouvé un compromis, c’est la qualité (et la décision) du Conseil fédéral.

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Seul UDC, ça fait peu, non, ? 

L’UDC est contre ce rapport, les socialistes sont contre ce rapport. On peut dire : on a trouvé un compromis. Une décision du Conseil fédéral.

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Certains disent que vous êtes non seulement isolé, mais un peu déprimé. Est-ce que vous êtes déprimé, M. Maurer ?

Pas du tout, je me réjouis chaque jour (grand sourire). De toute manière, ce ne sont que sont des compromis, décidés par le Conseil fédéral.

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L’interviewer, Darius Rochebin, a tout essayé. Pas pu. C’était seulement un compromis, décidé par le Conseil fédéral.

Daniel

PS : j’avoue, j’ai un peu reformulé les réponses… pour mieux faire ressortir la ligne de compromis des décisions du Conseil fédéral.

Le pouvoir de la télé

23 mars, 2010
Télévision | Commentaires fermés

Après le documentaire « Le jeu de la mort » sur TSR 2 et France 2

http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=342401&sid=11860730

La panne informatique est passée…. retour au blog ! :-)

 

Le pouvoir de la télé dans Télévision television.
Tout a été dit ou presque autour du pouvoir de la télé après la diffusion du documentaire « Le jeu de la mort » sur les chaînes de télévision francophones. Je ne vais donc pas y revenir à mon tour et je me contente ici de quelques liens pour ceux qui souhaiteraient revenir sur ce documentaire un peu inhabituel :

 

Le Monde diplomatique : « Le jeu de la mort » ou la télé en mode extrême

Médialogues, sur RSR 1 : A la télé, on peut torturer, Le pouvoir de la télévision, Après le jeu de la mort,

Libération : Avec «le Jeu de la mort», la télé explore ses limites

Acrimed : Le documentaire « Le jeu de la mort » : une critique de la télévision ?

Le Monde : Le jeu de la mort : la télé peut elle amener à torturer ?

Marianne : «Le jeu de la mort», l’expérience télé qui enfonce les portes ouvertes

…et bien d’autres.

 

Mais j’ai quand même envie de parler un peu de ce « pouvoir de la télé » et ce documentaire me donne l’occasion d’un titre accrocheur pour évoquer une petite expérience humaine très simple que j’ai l’occasion de vivre assez fréquemment.

Cela m’arrive en classe, assez souvent… mais aussi avec des adultes tout ce qu’il y a de plus mûrs. Je suis en train d’évoquer une question politique, économique, sociale, écologique ou autre, un de ces sujets qui font débat et qui nous mettent si souvent en face de nos propres limites quant à la notion de certitude. J’ai par exemple eu l’occasion d’évoquer un jour en classe la question des réserves nécessairement limitées de pétrole, de gaz et de charbon (qui constituent plus des trois quarts de l’énergie actuellement consommée par l’humanité) et les difficultés à les remplacer dans un délai relativement rapide.

Le dialogue suivant (en substance) s’en est suivi :

 

L’élève :  – Mais, m’sieur, il n’y a plus de problèmes. On a découvert qu’il était possible de produire une énergie à partir des algues de l’océan…

Le prof : – …

L’élève : – Mais oui… on va pouvoir en faire des quantités dans très peu de temps !

Le prof : – Vous êtes sûrs de ce que vous dites. Il s’agit bien de remplacer les centaines de millions de tonnes d’hydrocarbures dans un délai de quelques décennies ?

L’élève : – Oui, oui, je suis sûr ! Ce sont des scientifiques qui le disent !

Le prof : – Ah oui ? Et qui sont donc ces scientifiques ?

L’élève : – Ah, ça… je ne sais plus….

Le prof : – Mais quelle est leur spécialité : des chimistes, des biologistes, des parapsychologues ?

L’élève : – Aucune idée…

Le prof : – Est-ce que vous pourriez me dire où vous avez trouvé cette information… cela m’intéresse.

L’élève : – C’était un documentaire à la télé.

Le prof : – De quel documentaire s’agit-il ?

L’élève : – Ben… je ne sais pas…

Le prof : – Mais vous pouvez au moins m’indiquer de quelle chaîne de télévision il s’agit ?

L’élève : – Non, vraiment, je ne sais plus.

 

Eh oui… il ne restait absolument rien d’autre à cet élève que le « vu à la télé« . Il ne savait pas qui avait parlé ou montré quelque chose, ni de quel documentaire il s’agissait, ni même quelle chaîne de télévision l’avait diffusé. Il ne restait rien. Mais « la télé » était la plus forte : elle l’avait dit, la solution miraculeuse résidait dans « les algues » !

Et n’imaginez surtout pas que je ne rencontre ce phénomène qu’auprès de mes élèves de 16 à 22 ans !

Après quelques recherches sur internet, j’ai fini par retrouver le documentaire en question (mais ne me demandez pas son nom, ni celui du scientifique interviewé, ni même la chaîne… je les ai oubliés moi aussi !) : il s’agissait d’une petite séquence de moins de 2 minutes pendant laquelle un chercheur expliquait au conditionnel qu’il serait peut-être un jour possible de fabriquer un carburant tout à fait performant avec des algues océaniques. Vérification faite, c’était bien de ce documentaire qu’il s’agissait…

Quand « la télé » le dit… c’est que c’est vrai ! C’est pas un extraordinaire pouvoir, ça ?

Daniel     

Les salades de Ziegler à Infrarouge

6 mars, 2010
Télévision | 2 réponses »

Emission Infrarouge sur la TSR, le 2 mars 2010

http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=500000&bcid=739973#vid=11853749

Les salades de Ziegler à Infrarouge dans Télévision ziegler_wideweb__430x301

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La TSR proposait ce 2 mars une émission sur l’interminable affaire libyenne, dans laquelle les choses sont de plus en plus emmêlées. Les rebondissements, souvent absurdes, s’ajoutent les uns aux autres. Une des tâches de la télévision pourrait être d’apporter une forme de clarification et d’aider à mieux comprendre les enjeux.

Mais l’émission part un peu dans tous les sens, comme une discussion de bistrot : on finit par y rediscuter les modalités de l’arrestation d’Hannibal Kadhafi et le nombre de policiers nécessaires, on refait la discussion sur l’initiative antiminarets… Le thème est difficile et le risque était grand de voir la discussion partir en vrille.

Alors, ce qu’on pourrait attendre des responsables de l’émission, ce serait de choisir les invités avec discernement. Les bavards inutiles sur la question libyenne sont nombreux et ceux qui ont réellement quelque chose à dire sensiblement plus rares. Mais ils existent. Alors, pourquoi inviter encore et encore un Jean Ziegler ?

En effet, celui-ci met surtout beaucoup d’énergie pour exprimer ses motifs d’admiration pour untel ou untel ou pour se mettre en valeur personnellement. Quant à des informations ou des arguments pertinents…. beuh… pas grand chose !

Petit florilège des ses élans grandiloquents de la soirée :

« Moi je connais bien l’ambassade de Suisse à Tripoli dans le quartier Achoura (…), c’est une baraque très très modeste, un tout petit jardin »

« J’ai beaucoup de respect pour M. Bonnard, on se connaît depuis la Libye »

« Ecoutez, la task force, je la connais, c’est de la diplomatie à sa plus haute compétence »

« La Libye est passionnante comme pays »

« Moi je voudrais rendre hommage au courage, à la lucidité, à la dignité du docteur (…) qui a continué le combat pour dire ce qu’il a souffert. C’est une très grande leçon de dignité qu’il nous donne »

« Je voudrais juste ajouter que les deux otages suisses, M. Göldi et M. Hamdani, aussi, se sont tenus d’une façon extraordinairement digne, exemplaire, pendant ces 20 mois. Je ne sais pas si moi, j’aurais pas perdu les nerfs (…). Quand je vois Göldi et Hamdani avec cette sorte de calme, de dignité, je crois que ça, il faut saluer (…). Ces deux otages suisses ont donné un exemple »

« On vit à Genève, qui est la plus belle ville d’Europe, très compliquée… 600 conférences par an, des chefs d’Etat, etc, etc. »

« Hannibal c’est certainement pas un type que j’aimerais fréquenter… enfin, je l’ai vu une seule fois, j’aimerais pas le revoir si vous voulez »

Bref, du blabla, beaucoup de grandiloquence, des « moi, je » à la volée, de la dignité par ci, de l’admiration par là… Cela me rappelle un peu ses bouquins, lectures obligatoires de son cours de Sociologie à l’Université de Genève : « Le vent soufflait, les guerilleros étaient beaux…« . Les autres invités du débat n’étaient pas forcément des « foudres de guerre », mais j’ai fini, par comparaison, par trouver Yvan Perrin intéressant…Et finalement, ce sont les dessins de Mix & Remix qui sont les seuls à faire preuve de lucidité quant à la pertinence de ses interventions :

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infra20100304_11857916_0 (Tous les dessins de l’émission ici)

Des personnalités de gauche, pour équilibrer le débat avec l’autre intervenant politique, il y en aurait pourtant d’autres. Alors, pourquoi réinviter à chaque fois Jean Ziegler dès qu’il est question des pays sur lesquels il adore s’exprimer (des gens admirables, extraordinaires, dignes… à chaque fois évidemment…) ?

Je suis perplexe…

Daniel

Pauvres adverbes !

21 février, 2010
Télévision | 15 réponses »

Commentaires des épreuves masculines en ski alpin sur la TSR

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Voici un élément fondamental de la grammaire française qui fait généralement l’objet d’une introduction à l’école primaire : distinguer entre noms, pronoms, verbes, adjectifs et adverbes.

Mais c’est une chose qui semble ne pas être encore définitivement acquise chez certains commentateurs sportifs parvenus à l’âge adulte. Et témoignent ces phrases entendues à maintes reprises (je ne dirais rien si c’était une fois ou deux, en passant, mais vraiment… ça n’arrête plus !) :

- Il skie très propre !

- Il est très vite !

J’ai mal aux oreilles et j’ai envie de crier : « Pitié pour les adverbes ! »

Nom d’un petit bonhomme… ! Il y aurait pourtant bien des formules correctes, faciles à « placer » en direct : « il skie proprement » ou « il a un ski très propre » (« propre » qualifierait alors la façon de skier) et « il est très rapide » (« rapide » est un véritable adjectif).

Pauvre langue française…

Daniel

TSR : des émeutes qui divertissent

14 janvier, 2010
Télévision | Commentaires fermés

Téléjournal de la TSR du 8 janvier 2010 : Violences en Italie

http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=500000&channel=info#program=15;vid=11686575

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Ce 8 janvier, la TSR consacre 3 minutes et 24 secondes à des violences en Italie entre travailleurs immigrés et populations locales : un reportage en images d’une minute et demie suivi d’un bref dialogue avec un journaliste sur place de moins de 2 minutes. Puis, plus rien les jours suivants.

« Une émeute d’immigrés dégénère » énonce le présentateur Darius Rochebin avant de laisser la place au reportage en évoquant une « chasse aux immigrés« . S’enchaînent alors rapidement des images d’un immigré africain brandissant une pancarte présentant les italiens de Rosarno comme racistes, des images d’émeutes dont un homme tapant à la masse sur une voiture, des policiers qui saisissent violemment un émeutier présumé et des gens qui courent. Puis, un jeune immigré est très brièvement interviewé : selon lui, l’attitude est très différente entre le nord et le sud de l’Italie et il conclut en disant « ici, ils sont tous racistes« .

Après cette entrée en matière qui a déjà « consommé » la moitié du temps du reportage pour présenter des accusations croisées de « racisme » arrive enfin une information factuelle : plus de 2000 immigrés illégaux travaillent ici dans le secteur agricole. Mais on enchaîne à nouveau très vite avec des Italiens en colère dont un homme éructant « mais qu’est-ce que ces nègres viennent donc faire ici à Rosarno ?« . Sans transition, on passe alors à une vue panoramique sur le logement collectif des clandestins et un commentaire qui conclut : « les mouvements des droits de l’homme affirment qu’ils sont exploités par le crime organisé« . D’une certaine manière, le reportage a posé le problème. On attend avec impatience des explications de la journaliste « qui y était« .

Qu’apprend-on ?

- Ce sont des poudrières, car les immigrés vivent dans des conditions très précaires et sont pris en charge par la criminalité organisée.

- Ces gens travaillent dans des champs d’agrumes pour un salaire de misère (10 francs par jour).

- Ils sont en cette saison inoccupés et sensibles aux « petites altercations » (il s’agissait d’un tir au fusil !)

Mais la discussion glisse alors sur tout autre chose : le présentateur évoque un gouvernement souhaitant mettre en place des quotas d’étrangers dans les écoles (!). Puis la journaliste interrogée évoque alors le fait que ni les autorités ni les médias n’expliquent pas « les conditions de vie de ces gens » à la population italienne. On s’y perd…
Et la population romande devant son écran n’a pas eu droit non plus à beaucoup d’explications. Elle aura eu un rapide aperçu si elle n’a pas été distraite pendant ces trois minutes. Et pourtant… Voici un reportage qui devrait susciter des développement sur le commerce des agrumes en question. Je relève notamment que le quotidien « Le Courrier » du 13 janvier évoque la consommation chez nous des agrumes produites dans le sud de l’Europe. Aux questions posées par le quotidien, la porte-parole de Manor précise : « Nous vendons actuellement des clémentines de Calabre, mais pas de Rosarno« . Quelle chance ! ;-)
L’arrivée de très nombreux travailleurs clandestins (qui arrange beaucoup de monde) en Europe du sud pour permettre de commercialiser des produits agricoles à bas prix mériterait qu’on s’y arrête plus sérieusement. Il est donc bon que la TSR juge utile de proposer un reportage sur ce sujet. Mais celui-ci fait la part trop belle aux émeutes et aux cris racistes au détriment d’une indispensable mise en contexte un peu laissée de côté. Du point de vue du spectacle, l’Italien excédé parlant de « nègres » est beaucoup plus télégénique qu’un questionnement sur les marchés agricoles européens qui fonctionnent grâce au travail payé au lance-pierre de pauvres diables venus d’Afrique. On ne peut que regretter qu’un tel sujet ne serve en définitive qu’à divertir le téléspectateur quand il devrait nous interroger sur nos comportements de consommateurs et de citoyens.

Daniel

La TSR et le scandale des blogs rémunérés

26 mai, 2009
Scène médiatique, Télévision | 13 réponses »

Sur la Télévision suisse romande, le 24 mai 2009 : Les auteurs de certains blogs sont rémunérés pour faire de la publicité

http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=500000&channel=info#program=15;vid=10733611

La TSR et le scandale des blogs rémunérés dans Scène médiatique humour-blog2
Un blog… ça a un petit côté amateur, gratuit, bricoleur. Alors, quand un journaliste de la TSR entend que des blogueurs sont rémunérés, il s’inquiète et monte un sujet. Qu’est-ce que c’est que cette équipe de gâche-métier qui tente de piquer de la place !? Reprenons, dans l’ordre…

Entrée en matière du présentateur du TJ : « Polémique autour des blogs sur internet, vous savez, ces sites sur lesquels souvent des personnalités s’expriment, sur la pluie, le beau temps, la vie, la mort, le sport, l’actualité… Des blogueurs dont on sait maintenant que certains sont rémunérés pour vanter les mérites d’un produit ou d’un service sous couvert de simplement livrer leur opinion« .

Je n’avais pas remarqué qu’il y avait à proprement parler une « polémique« … On commence par une confirmation : ces blogs, ce n’est pas très sérieux (la pluie, le beau temps,…). Mais vous vous rendez compte ? Il y en a qui sont payés pour vendre un produit sous couvert de reportage ou d’opinion…. Dingue, cela n’arriverait jamais avec la presse traditionnelle. Ah oui ? Vous vous souvenez de cet article sur Easy Jet :

24 heures : Publicité gratuite pour Easy Jet ?

L’article du quotidien a disparu des archives en ligne, mais ma critique est toujours là… ;-)

On poursuit ? Une « blogueuse à succès » apparaît à l’écran et avoue un revenu de 1200 euros brut. Combien d’articles ? Combien d’heures de travail ? Cela aurait été intéressant pour effectuer quelques comparaisons… « Cécile est payée pour vanter sur son blog les mérites d’un produit ou d’un service. Elle a même fait récemment la promotion de la Suisse. » Elle ajoute à son billet la mention [Ceci est un billet sponsorisé]. Cela ressemble donc furieusement à ces pseudo-articles de plus en plus fréquents dans la presse quotidienne, dont la mise en page nous induirait assez facilement en erreur, mais qui portent la mention « Ceci est une publicité« . Rien de vraiment neuf sous le soleil, non ?

Et, tout au long du reportage, on entend revenir le tintement de la monnaie en train de tomber, comme dans « Money » des Pink Floyd…

Et puis, le scandale qui fait frémir le journaliste auteur du sujet : « La blogueuse française, qui n’a jamais mis les pieds en Suisse, recommande chaudement le Valais et le domaine des Portes du Soleil. Elle remarque aussi que faire ses courses à la Migros est terriblement exotique« . Et on précise que pour elle, parler de la Suisse sans la connaître, « ce n’est pas tromper le lecteur« .

Vous vous rendez compte ? Elle ose même, en plus d’être rémunérée, parler d’un pays qu’elle ne connaît pas ! Là encore, je vous propose un petit retour en arrière vers un de mes anciens billets :

La Finlande : ses tueurs, ses sportifs et ses compétitions insolites

Sûr que les journalistes de « 20 minutes » avaient fait un déplacement en Finlande pour découvrir que ce pays était celui des tueurs et des concours idiots ! Les lecteurs des journaux gratuits sont-ils donc trompés tous les jours par des journalistes planqués derrière leur ordinateur ? La blogueuse du jour a appelé sa mère au téléphone, comme l’aurait fait n’importe quel rédacteur assis devant son écran. En somme, elle a presque fait « un vrai travail journalistique ». Et on conclut avec le spécialiste du jour : « Le blogueur, normalement, a une indépendance, une opinion. Il exprime cette opinion et cette opinion ne doit pas être altérée par des facteurs externes tels que le financement d’un article ou des biens qui seraient échangés en échange de propos plutôt positifs que négatifs« .

C’est drôle… On pourrait ici remplacer « blogueur » par « journaliste ». Un travail altéré par des facteurs externes comme le financement… quel scandale ! Au fait, ils vivent comment, la plupart de nos médias ? L’info n’est jamais « altérée » ?
« Si le lecteur n’est pas intéressé par l’information… eh bien, qu’il ne la lise pas !« .Tiens, c’est rigolo, c’est un truc qu’on m’a déjà dit lorsque je critique certains journaux…

Et pour finir, on apprend encore qu’il faut « occuper le terrain« , que c’est peu coûteux (10 fois moins cher qu’une campagne de publicité traditionnelle). C’est, selon la conclusion du reportage, « efficace, mais sans scrupules« .

Oui, comme les journaux gratuits, comme les émissions aguicheuses de la course à l’audience, comme les publicités au milieu des films, comme les fausses Unes de certains quotidiens, comme les article à la limite entre la publicité et l’information, comme les fausses informations qui apparaissent en ligne avant le premier début de commencement de vérification, comme…

Bref… Si les médias veulent survivre dans cette jungle commerciale où tous les coups sont permis, il va falloir qu’il réfléchissent sérieusement à la qualité de leur « marchandise » !

Daniel

Un autre blogueur s’amuse aussi de ce sujet de la TSR : ouvertures.info.

Et je repère à l’instant (26.5 à 18h) un autre ici : cmic.ch.

A Bangkok : rouges contre bleus ?

14 avril, 2009
Télévision | 8 réponses »

Téléjournal de la TSR, du 11 au 13 avril 2009

http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=500000&channel=info#program=15;vid=10568799

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En pleine trêve pascale, la Thaïlande est secouée par une incroyable agitation : des manifestations d’abord, puis des affrontements entre manifestants en chemises rouges et les forces de l’ordre. Voici des images qui vont un peu animer ces éditions habituellement dominées calmes du téléjournal de la télévision suisse romande.

Que se passe-t-il donc en Thaïlande ? L’édition du 11 avril du TJ nous montre des images d’un somment de l’A.S.E.A.N abandonné en catastrophe par ses participants, certains s’échappant de l’immeuble grâce à un hélicoptère. Des manifestants avec des drapeaux fêtent leur « victoire ». Des tables et des chaises inoccupées attestent de ce qui semble être une humiliation pour le gouvernement thaïlandais. Le commentaire indique notamment que des participants au somment asiatique sont allés s’enquérir auprès des manifestants de leurs motivations : ils ont alors appris que les « chemises rouges » s’opposent au premier ministre Abhisit Vejjajiva. La fin du reportage complète alors en précisant que des affrontements ont opposé également les « chemises rouges » hostiles au 1er ministre aux « chemises bleues » qui sont ses partisans. Les bleus contre les rouges, c’est presque un match amical de football…

Suit un commentaire, sur place, d’un correspondant à Bangkok : il lui est demandé comment il se fait qu’il soit possible de perturber ainsi un sommet international et comment les choses vont évoluer étant donné que cette crise dure depuis des mois. Bon prince, il se prête au jeu d’essayer de répondre à ces deux questions pièges. Mais il aurait été tout à fait possible de dire les mêmes choses depuis le studio de Genève… puisqu’on n’apprend rien de plus à propos de ces bleus et ces rouges.

La curiosité du téléspectateur est titillée. Il se tient prêt : la Thaïlande revient le lendemain avec un nouveau reportage : les rues ne sont pas calmées, la ville est quadrillée, des chars sont postés au coins des rues, l’état d’urgence reste en vigueur, des véhicules officiels ont été détruits, le 1er ministre a réussi de justesse à échapper aux manifestants. On voit le 1er ministre demander l’arrêt des violences et évoquer l’intervention des forces de l’ordre. On comprend que s’opposent l’ancien 1er ministre Thaksin Shinawatra, soutenu par « les rouges » et l’actuel premier ministre Abhisit Vejjajiva, soutenu par « les bleus« . On en reste au match en couleurs

On remet ça le 13 avril avec un autre présentateur et un sujet préparé par d’autres journalistes. Les détails ne manquent pas sur les affrontements dans les rues, soutenus par de nombreuses images spectaculaires. On retrouve les deux camps : les rouges, et les bleus, et une intervention du correspondant sur place par téléphone : l’armée ne tire que rarement en Thaïlande et ces événements sont exceptionnels. Darius Rochebin tente d’en savoir un peu plus : « Ces affrontements ont lieu entre qui et qui ?« . Réponse : « D’un côté, vous avez les chemises rouges qui soutiennent Thaksin, et de l’autre il y a deux mouvements, l’un relativement bien organisé et pro-gouvernemental (les bleus ?) et des habitants furieux de la tournure prise par ces manifestations…« .

Bilan : après 3 jours d’images d’affrontements dans un pays à la fois lointain, mais fréquenté par des touristes suisses (à qui l’on recommande d’ailleurs de retarder leurs voyages), on a compris que les rouges et les bleus s’opposent en Thaïlande !

On aurait envie d’évoquer ici la règle des « 5 W » chère aux journalistes anglo-saxons : what, who, when, where, why. Si ces reportages ont effectivement répondu à what, when et where (soit : des affrontements, ces derniers jours, en Thaïlande), on reste sur sa faim en ce qui concerne les deux dernières questions : qui et pourquoi ?

Qui sont donc ces « chemises rouges » et ces « chemises bleues » en dehors de leurs préférences pour un actuel ou un ancien 1er ministre ? Sont-ce des supporters comme lors des matchs de football ou représentent-ils des partis politiques ou des intérêts particuliers ? Y a-t-il une composante idéologique, ethnique, économique ou sociale dans ce conflit ou ces gens se battent-ils pour le plaisir de la castagne ?

Et surtout, que se passe-t-il vraiment dans ce pays ? Pourquoi ces manifestations, pourquoi cette rapide succession de plusieurs gouvernements ? Pourquoi une telle tension ? Quels en sont les enjeux ?

Après le premier jour, on peut encore comprendre que les choses soient présentées uniquement avec des chemises en couleurs… Mais lors des deux éditions suivantes, il n’y a que les images qui soient partiellement renouvelées; le commentaire revient pour l’essentiel à répéter ce qui a été dit la veille. S’il y a un correspondant sur place, ne pourrait-il pas donner des indications sur le contexte de ce conflit qui déborde ? A quoi sert-il d’appeler un correspondant si c’est pour qu’il se contente de paraphraser les éléments apparus lors du reportage ?

On reste très d’un commentaire sportif, quand tout le monde est encore sous le coup de la victoire ou de la défaite. Mais quand il s’agit du sport, on a au moins droit les jours suivants à des analyses plus fouillées que quand il s’agit des événements en Thaïlande. Alors, si on vous demande ce qui se passe en Thaïlande, expliquez que les « chemises rouges » s’opposent aux « chemises bleues » et observez attentivement les réactions.

Lorsqu’il s’agit de la télé, on se laisse quand même plus facilement endormir…

Daniel

La réunion du G-20 au téléjournal

2 avril, 2009
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TJ de 19:30 de la TSR du 1er avril 2009 : Sujets spéciaux sur le G-20 à Londres

http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=500000&channel=info#program=15;vid=10523245

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Dans les jours qui viennent, la réunion du G-20 à Londres va être le sujet numéro 1 des grands médias. La TSR commence en fanfare ce 1er avril avec un TJ consacré en grande partie à cette réunion internationale (plus de 20 minutes sur les 34 que compte cette édition). Le G-20, la crise économique mondiale, les plans de relance… voyons de plus près comment les responsables de l’information télévisée expliquent tout cela, sujet après sujet.

L’Introduction du TJ

Où on découvre que Barack Obama a été « reçu par la reine » et que les dirigeants des principaux Etats européens sont là. Il est également dit que l’enjeu est « historique » et que « les tensions éclatent déjà« , notamment parce que Nicolas Sarkozy exige plus de régulation et plus d’efforts contre les paradis fiscaux ou encore que la tension est aussi dans la rue parce que les altermondialistes manifestent. La Suisse est aussi concernée… Bref, un scénario connu : c’est historique, il y a beaucoup de dirigeants et des tensions, y compris dans la rue. Jusque-là, c’est un peu comme toutes les grandes réunions internationales.

La rencontre entre Barack Obama et Gordon Brown

Un bus à deux étages, des groupies atteintes d’Obamania… Des déclarations importantes de la part de ces personnes qui attendent pour voir furtivement passer la longue limousine noire du président américain : « C’est une icône, c’est pour ça qu’on veut voir Obama« , « C’est un moment historique, un noir peut être élu président » (tiens, c’était pas à l’automne 2008, ça ?), on apprécie la décontraction des couples Brown et Obama en train d’être pris en photo et on apprend que le président américain est « à l’aise« . Une vue d’escaliers (le TJ adore les escaliers !), la limousine noire, un extrait de discours d’Obama dans lequel il dit que les dirigeants ne pourront pas s’entendre sur tout (ah ?). On retourne interroger des gens dans la rue : « j’espère que l’optimisme de ce président apportera quelque chose de bien au monde« . On apprend encore de la bouche d’un jeune homme qu’il est là »parce qu’Obama est l’homme qui a réussi à l’intéresser à la politique » (on est vachement content pour lui !). Sébastien Faure nous ponctue tout ça en déclarant qu’Obama est déjà la « superstar » de ce G-20.

Manifestations des altermondialistes

Comme pour toutes les manifestations évoquées au TJ : « La manifestation avait débuté dans le calme, mais…« . C’est dingue, cette impression de déjà vu et de déjà entendu. Quelques images d’action. Ici aussi, on interpelle quelques personnes dans la rue qui s’expriment rapidement. Elles sont venues pour réclamer « un nouvel ordre mondial« , pour dire qu’il faut « changer de façon de penser« , on s’en serait douté. Mais on ne saura rien des revendications plus précises des organisateurs de la manifestation.

Déplacement de Micheline Calmy-Rey à Berlin

« La Suisse n’est pas un paradis fiscal, la Suisse est prête à coopérer sur le secret bancaire, la Suisse tient ses promesses quand elle en fait« . Rien de nouveau sous le soleil, c’est ce que notre gouvernement répète depuis des semaines. Quelques déclarations très générales du ministre des affaires étrangères allemand et de Mme Calmy-Rey. On nous redit par deux fois que ce ministre-là est plus gentil que l’autre. Ouf. On n’en saura pas plus !

Entretien avec Denis McShane, ancien ministre britannique (qui va réapparaître à plusieurs reprises)

Qu’apprend-on : c’est une rencontre très importante et historique. On va changer le monde ! Et quelques banalités sur le secret bancaire… puis une brève discussion sur les craintes des Suisses. On parle et on reparle des « trusts« … Le bonhomme semble sympathique et encourageant pour les suisses, mais il n’a pas dit grand chose, en somme.

Un sujet sur les banques britanniques qui ont recours aux paradis fiscaux

On évoque les trusts britanniques et Londres comme noeud stratégique des paradis fiscaux. On nous explique que les trusts et le secret bancaire, c’est bonnet blanc et blanc bonnet. On comprend que le 1er ministre britannique a « compris qu’il a besoin du cash caché dans les paradis fiscaux » (ça aussi, on le savait !). On fait allusion à beaucoup de choses, notamment à nouveau à ces fameux trusts… mais quant à se donner la peine d’expliquer de quoi il s’agit, ce serait vraiment trop demander.

Entretien avec Matti Kohonen, membre d’une association qui se bat contre les paradis fiscaux

« 160 milliards de dollars par an (deux fois l’aide au développement) sont perdus à cause de l’évasion fiscale. Les Etats-Unis perdraient eux 100 milliards« . En dehors d’évoquer son optimisme quant aux résultats à attendre, ce brave homme aura pu placer deux chiffres. Bravo !

Reportage sur le paradis fiscal du Delaware (aux Etats-Unis)

Il y est très facile de frauder le fisc : interview de Dominique Warluzel qui explique comment s’y prendre (enfin un peu de concret). On découvre que de nombreuses grandes entreprises américains ont installé leurs sièges dans cet Etat. C’est un paradis fiscal et il n’y a même pas de TVA… Visite express en une minute et 26 secondes, l’affaire est entendue.

Entretien avec Denis McShane, ancien ministre britannique

On va « injecter » 2000 milliards de dollars, éviter le protectionnisme, on va avoir une régulation plus sévère, on va intégrer la Chine, on va s’attaquer à l’argent qui « circule mais ne sert à rien« . On doit devenir plus prudent et utiliser l’argent pour des choses utiles. On va ici apprécier la première évocation des enjeux du G-20, mais très sommairement, après 21 minutes de TJ !

Rencontre avec des Suisses de Londres

On en trouve un parmi les manifestant, un autre parmi les traders de la City. Deux opinions très différentes sur les événements… Au moins, ils disent quelque chose ! Suspense maintenu par le journaliste au micro : ce n’est que demain, après la clôture de la réunion, qu’on pourra « pousser un ouf de soulagement« .

Le point avec Sébastien Faure

Pour clôturer cette série d’interventions sur le G-20, une petite synthèse : tout le monde est encore chez la reine, après « l’entrevue particulière entre Obama et la reine » lors duquel il lui a offert un « Ipod« , les manifestants « sont très durs et très mobilisés« , la tension reste vive à Londres… Rendez-vous demain, avec un dossier complet… Aussi complet que celui-ci ?

 

Bilan : plus des deux tiers du TJ consacrés à ce seul événement, mais pas grand chose comme véritable information. Beaucoup de lieux communs : des manifestants qui manifestent et sont mobilisés, des dirigeants qui se rencontrent, une Suisse qui craint pour le secret bancaire, alors qu’il y a d’autres paradis fiscaux, Obama qui est une star, des ministres plus polis et plus gentils que Steinbrück, etc.

Le plus important semble bien de convaincre le téléspectateur que se qui se passe est « important » (pour qu’il regarde aussi le TJ le lendemain ?). Les mêmes antiennes sont ressassées, les images sont convenues (des policiers anglais avec leurs casques typiques, des bus à deux étages) et on passe pas mal de temps à demander à des gens pris au hasard dans la rue de qu’ils en pensent. Mais ils ont surtout envie de voir passer une limousine noire et tenter de distinguer à l’intérieur une silhouette de président… Au final, ce qui manque, ce sont de véritables informations sur la réunion du G-20 elle-même et ses enjeux :

- Qui sont les Etats présents ? Quelles sont leurs attentes et qui seront les poids lourds capables de faire passer des solutions, et quelles solutions, concrètement ?

- Quels seront les thèmes des discussions (en dehors des paradis fiscaux, parce qu’on a compris, à force de répéter !)

- Qu’en est-il des projets de décisions qui ont été préparés ? Ont-ils des chances d’êtres adoptés ou non ? Quels sont les véritables enjeux économiques et géopolitiques à long terme ?

Mais non, il est apparemment plus intéressant d’évoquer le « Ipod » offert à la reine d’Angleterre par Barack Obama. Laissez tomber, les gars : l’économie, c’est vachement compliqué, cherchez pas à comprendre et laissez nous faire ! Et le téléspectateur de se rendormir…

Daniel

Qui sont les invités d’Infrarouge ?

22 mars, 2009
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Emission de débat sur la TSR Infrarouge, du 14 mars 2006 au 17 mars 2009

http://infrarouge.tsr.ch/index.php

Qui sont les invités d'Infrarouge ? dans Télévision banner

 

Depuis déjà quelques années, Infrarouge est l’émission phare de la politique sur la télévision suisse romande. Chaque semaine, un débat est proposé sur des thèmes le plus souvent pris dans l’actualité politique. Y apparaître est un gage de visibilité et on sent qu’il n’est pas facile à un politicien de refuser l’invitation. Parfois, au détour d’un blog ou lors d’un débat, on entend une petite phrase du genre : « De toutes manières, ce sont toujours les mêmes qui participent à Infrarouge !« . Qu’en est-il vraiment ?

Le mieux, pour se faire sa petite idée, c’est de compter. Mais comme toute statistique, celle-ci a ses limites. J’ai par exemple décidé, totalement arbitrairement, d’étaler mon décompte sur trois années, soit du 14 mars 2006 au 17 mars 2009, date de la dernière émission. On pourrait naturellement remonter plus en arrière encore… mais je n’en ai pas eu le courage. Eh bien, effectivement, après avoir effectué le décompte, il faut bien se rendre à l’évidence : Infrarouge a ses stars préférées !

Voici le palmarès des plus présents :

Christian Levrat

FR

PS

15

Pierre-Yves Maillard

VD

PS

11

Yvan Perrin

NE

UDC

9

Christophe Darbellay

VS

PDC

9

Aldo Ferrari


Syndicaliste Unia

9

Maria Roth-Bernasconi

GE

PS

9

Oskar Freysinger

VS

UDC

7

Alain Berset

FR

PS

7

Martine Brunschwig-Graf

GE

Parti libéral-radical

7

Peter Rothenbühler


Journaliste – Le Matin

7

Carlo Sommaruga

GE

PS

6

Pierre Weiss

GE

Parti libéral-radical

6

Géraldine Savary

VD

PS

6

Guy Parmelin

VD

UDC

6

Christian Lüscher

GE

Parti libéral-radical

6

Pierre Maudet

GE

Parti libéral-radical

6

Charles Poncet


Avocat

6

Jean-Christophe Schwaab

VD

PS

6

Jean Studer

NE

PS

5

Myret Zaki


Journaliste au Temps

5

Blaise Matthey


Directeur fédération entr. romandes

5

Antonio Hodgers

GE

Verts

5

Claude Ruey

VD

Parti libéral-radical

5

Isabelle Chevalley

VD

Ecologie libérale

5

Yves Nidegger

GE

UDC

4

Maximilien Bernhard

VD

Union démocratique fédérale

4

Philippe Nantermod

VS

Parti libéral-radical

4

Liliane Maury-Pasquier

GE

PS

4

Roby Tschopp


ACTARES

4

Hughes Hiltpold

GE

Parti libéral-radical

4

Ariane Dayer


Journaliste – Le Matin

4

Gilberte Demont

FR

UDC

4

Jean-François Rime

FR

UDC

4

Dominique De Buman

FR

PDC

4

Nello Castelli


Lobby Santésuisse

4

Léonard Bender

VS

Parti libéral-radical

4

Yves Rossier

 


Directeur OFAS

4

Eric Bonjour

VD

UDC

4

Remarque : je n’ai indiqué le canton que dans le cas des politiciens – cela me semblait avoir moins de signification dans le cas des autres acteurs.

Quelles constatations peut-on faire à la lecture des résultats ? D’abord, on remarquera que certains partis politiques sont sensiblement mieux représentés que les autres : le parti socialiste, tout d’abord, qui truste brillamment les deux premières places du classement, mais aussi les libéraux-radicaux et l’UDC qui tirent leurs épingles du jeu. Face à eux, le PDC et les Verts souffrent d’une certaine sous-représentation. Les autres partis sont à peu près invisibles malgré la présence à 5 reprises d’Isabelle Chevalley, à 4 reprises de Maximilien Bernhard et à 3 reprises de Josef Zysiadis.

Pour y voir plus clair, j’ai fait aussi un total par parti politique, en tenant donc également compte des invités venus moins de 4 fois lors des émissions. J’ai fait un bloc des invités des partis libéral et radical puisqu’ils sont désormais fusionnés au niveau fédéral (mais c’est un biais statistique, puisqu’ils se sont rapprochés au cours de la période analysée : ni les séparer, ni les additionner ne serait véritablement satisfaisant).

Voici ce décompte par parti politique :

Parti socialiste 90
Parti libéral-radical 73
Union démocratique du centre UDC 51
Parti démocrate-chrétien 28
Les Verts 15
Ecologie libérale 6
POP 6
Union démocratique fédérale 4

 

Trois partis reviennent sensiblement plus souvent que les autres, et parmi eux, c’est le PS qui remporte la palme des invitations. Il serait intéressant de déterminer dans quelle mesure les chiffres ci-dessus collent ou ne collent pas à la réalité électorale romande dans son ensemble. A mon sens, il convient surtout de retenir qu’Infrarouge oppose généralement un intervenant de gauche (la plupart du temps du PS) à un intervenant de droite (libéral-radical ou UDC selon les sujets).

En dehors des politiciens, relativement peu d’invités reviennent souvent. Des syndicalistes, des dirigeants de fédérations patronales, des lobbyistes, des avocats,… De manière générale, on y retrouve le traditionnel clivage gauche-droite. Il est par contre plus intéressant de jeter un coup d’oeil aux noms des journalistes invités :

Rothenbühler(7), Zaki (5, surtout à cause de la multiplication des sujets sur UBS, dont elle est spécialiste !), Dayer(4), mais aussi Pascal Décaillet(3), François Schaller, Roger Köppel (3), Christophe Passer(3), Christian Rappaz (2), Jacques-Simon Eggly (2), Christophe Büchi (2).

En gros, surtout les grands médias présents en Suisse romande, des correspondants alémaniques et la presse économique. On chercherait par contre en vain des journalistes de La Liberté, du Courrier ou du Quotidien jurassien.

La plupart des autres invités ne sont pas revenus régulièrement. Ils sont généralement spécialistes d’un domaine ou concernés par un débat en particulier. Il reste donc à examiner quels ont été les thèmes retenus par l’émission, ce qui contribuera à en éclairer un peu les choix.

Voici donc les thèmes les plus réguliers :

Politique fédérale 15
Sécurité 14
Politique de la santé 8
Assurances sociales 8
Banques et secret bancaire 7
Questions sociales et syndicales 6
Religions 5
Problèmes économiques 5
Ecologie 5
Fiscalité 5
Démocratie 4
Sport 4
Accords avec l’Union européenne 3
Drogues 3
Politique internationale 3
Vie privée des politiciens 3

 

D’autres sujets ont aussi été traités, comme l’école (deux fois) ou le logement (une fois), mais on peut vérifier ici que les sujets les plus souvent choisis ont fortement incité les responsables de l’émission à inviter un responsable du PS et à organiser un face-à-face avec un membre de l’UDC ou des libéraux-radicaux. Eu égard à l’urgence des problèmes, on peut honnêtement s’étonner du peu d’importance donné aux préoccupations écologiques, à peine plus importantes que le sport… On doit aussi remarquer au passage l’énorme importance donnée aux thèmes liés à la sécurité et à la délinquance, touchant fortement à l’émotionnel et permettant vraisemblablement de conserver l’audience entre deux sujets plus complexes liés à l’économie.

Il y a peut-être d’autres tendances à mettre en évidence qui ne m’ont pas sauté aux yeux. N’hésitez pas à me faire part de vos remarques !

Daniel

P.S. un jour plus tard : je me rends compte que je n’ai pas parlé des cantons représentés…. Si les « vedettes » viennent de la plupart des cantons, deux cantons sont très largement représentés et… le Jura n’apparaît pas (même pas dans sa version bernoise) !

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