Piques et répliques – 2

Quelques réflexions critiques sur tout et rien

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Archive pour le 13 août, 2011


Sondage n’est pas présage…

13 août, 2011
Divers | 1 réponse »

Le Temps du 13 août 2011 : L’élan brisé de l’UDC

http://81.27.130.64/Page/Uuid/f2e99ac0-c51b-11e0-800a-85303f030f3a/L%C3%A9lan_bris%C3%A9_de_lUDC

Sondage n'est pas présage...

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On le dit et on le redit souvent : les sondages ne peuvent annoncer longtemps à l’avance le résultat des élections. Il n’y a que dans les dernières semaines et surtout dans les derniers jours qu’ils arrivent à approcher le véritable résultat. Et c’est tout à fait normal : lorsqu’on demande aux gens ce qu’ils voteront entre un et trois mois plus tard, ils ne sont pas encore investis dans la campagne et n’en ont pas discuté avec leurs amis. Au fond, on leur pose une question à laquelle ils n’ont en réalité pas encore de réponse, mais ils vont peut-être quand même en donner une au sondeur (ce qui n’empêche pas une partie significative des électeurs de savoir bien à l’avance pour qui ils vont voter – c’est notamment mon cas).

Mais on continue à faire des sondages : cela permet de présenter la politique comme une compétition sportive, avec des remontées, des décrochages, des échappées, une avance significative, etc. L’électeur peut ainsi devenir « parieur » et suivre le feuilleton de la compétition. Apparemment, ça marche et anime les conversations. Mais c’est idiot, les élections ont lieu en octobre, point barre. Les sondages qui jalonnent l’année sont comme les réflexions pendant des mois pour trouver un cadeau de Noël alors que celui-ci ne sera offert que le 24 décembre.

Au creux de l’été, quand les rédactions sont à court de nouvelles fracassantes (encore que cet été 2011 a été assez remuant…), on se rue sur ce genre de choses et on en fait même un éditorial. Ainsi, « Le Temps » de ce samedi 13 août dont l’édito titre « L’élan brisé de l’UDC » en se basant sur « le baromètre électoral » de début août. Voici les termes de l’éditorialiste : « L’UDC marque le pas. Pour la seconde fois depuis avril, la formation populiste recule dans le baromètre GfS/SSR, dont Le Temps est partenaire. Il y a désormais peu de chances qu’elle atteigne son objectif déclaré de 30% des voix aux élections fédérales du 23 octobre. Avec 27,4% des intentions de vote, l’UDC est en dessous de son score de 2007 (28,9%). Si cette tendance se confirmait dans les urnes, elle constituerait une rupture majeure – le coup d’arrêt à 20 ans de progression ininterrompue, et d’emprise croissante du parti blochérien sur la politique suisse« . Et le rédacteur d’énoncer les erreurs commises par l’UDC ces derniers temps en guise d’explication…

Les 27,4 % obtenus dans ce sondage empêcheraient donc l’UDC d’atteindre les 30 % qu’elle souhaite en octobre ? Outre le fait que le journaliste passe un peu rapidement sur les marges d’erreur d’un tel sondage, on est en droit de s’étonner d’un tel constat. A-t-il au moins eu l’idée de consulter les sondages qui avaient précédé les élections d’octobre 2007 ? Moi, je l’ai fait :

Janvier 2007 : 27.0 %

Avril 2007 : 26.2 %

Juin 2007 : 25.1 %

Août 2007 : 26.2 % (moment équivalent : voir ici sur Swissinfo)

Septembre 2007 : 25.6 %

Ces sondages n’avaient évidemment pas anticipé les 28,9 % que l’UDC a obtenu lors des élections du mois d’octobre 2007.  Le sondage d’août (26.2 %) sous-estimait donc de 2,7 % le résultat effectif. Si je reprends donc les 27,4 % que le baromètre donne aujourd’hui à l’UDC et que j’y ajoute (totalement arbitrairement, c’est pour jouer…) ces 2,7 %, j’obtiens 30,1 % pour l’UDC. En quoi peut-on donc prétendre, sur la base d’un tel sondage, qu’il y a peu de chances que l’UDC atteigne son objectif ? En quoi peut-on considérer qu’il s’agit là d’un « élan brisé » ? Voilà qui pourrait revenir comme un boomerang dans les dents de la rédaction… parce que l’UDC a les moyens de campagne nécessaire pour contredire ces résultats, et elle va en faire usage à coup sûr. On peut aussi nourrir l’espoir qu’elle finisse par lasseret que les sondages se trompent cette fois dans l’autre sens.

« Le Temps » veut-il à tout prix faire parler le sondage, quitte à lui faire dire n’importe quoi ? Je préfèrerais que le journal évoque les véritables enjeux politiques, un bilan de la législature écoulée ou les questions que devront affronter les nouveaux élus. Laissons les courses de chevaux aux amateurs. On a eu maintenant assez de petits rebondissements à deux balles, de l’immigration en région lémanique au franc fort, en passant par Fukushima. Chaque parti ou presque a eu son « échappée ». Alors, cessons de jouer et revenons aux choses sérieuses.

En définitive, ce que montre fort bien ce sondage (dans les limites de sa fiabilité très relative, deux mois avant les élections), c’est une grande stabilité. Les cinq grands partis sortent dans le même ordre avec des variations de quelques pourcents depuis plusieurs mois. L’UDC reste largement le premier parti de Suisse, le PS n’atteint pas les 20 %, les autres partis de droite ne retrouvent pas leur électorat passé. La seule nouveauté depuis quelques années, c’est l’émergence du PBD et des Verts libéraux : pas de quoi révolutionner l’assemblée fédérale pour autant.

Il n’est pas sûr que tirer par les cheveux les résultats des sondages permettra d’intéresser les citoyens aux enjeux politiques réels.

Daniel

PS : pour les amateurs, les résultats des « baromètres 2007  » : Janvier 2007, Avril 2007, Juin 2007, Août 2007, Septembre 2007.

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