20 minutes, du 11 au 15 avril 2011 : cinq éditions quotidiennes et autant de grosses bêtises
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Cela faisait quelques temps que je n’avais pas jeté un coup d’oeil sur les numéros de « 20 minutes ». Alors, j’ai tenté une rapide regard sur les numéros de cette semaine pour voir si les choses empiraient ou pas. Verdict : aucune amélioration à l’horizon !
Mercredi 13 avril, le journal gratuit réussit à titrer en deuxième page « Sociétés étrangères priées d’engager des Suisses« . Il s’agit ici d’une proposition du parti écologiste consistant à favoriser l’emploi de résidents locaux plutôt que de nouveaux travailleurs étrangers arrivant avec les sociétés s’implantant dans notre pays. La fin de l’article remet la compresse en expliquant que les entreprises « n’arrivent pas à trouver des Suisses à embaucher« . Or, favoriser les résidents locaux ne consiste pas forcément à engager « des Suisses » puisque la population résidente est constituée à plus de 22 % d’étrangers. « 20 minutes » voit de la préférence nationale là où il n’y en a pas… Cela dit, vu l’orientation politique du journal, ce n’est plus vraiment une surprise.
Mais cela ne suffit pas pour un numéro : on trouve à la page suivante un article sur une relaxe après une tentative de brûler des livres saints à Berne. Les inculpés seraient « un Suisse et deux Hindous« . Alors, soit être Suisse est aussi une religion, soit il s’agit de citoyens indiens. Le rédacteur fait-il la différence entre Hindou et Indien ? Et comme s’il n’y avait pas assez d’âneries dans une seule édition, voici encore des « médecins et patients trop gênés pour parler de sexe« . Mais une lecture attentive de la dépêche de l’ATS simplement copié-collée dans le journal montre que seuls les patients sont gênés, et que les médecins tiennent simplement compte de la gêne supposée de leurs patients en évitant le sujet.
Un jour de pause et les bêtises reprennent le 15 avril. Une des pages d’actualité annonce : « Il attache sa copine et l’offre à un pote« . Au présent, bien sûr ! Or, il s’agit ici du procès d’actes ayant eu lieu en 2008 ! Extraordinaire désinformation : « 20 minutes » fait comme si les événements venaient d’avoir lieu. Dans ces conditions, on peut très bien annoncer le même événement au moment du dépôt de plainte, lors de l’arrestation, lors du procès, lors du procès en appel… A la clé, l’impression pour les lecteurs qu’il y a eu quatre viols à la place d’un seul ! Ambiance…
Pour clore ce magnifique florilège, voici qu’une des pages « Monde » annonce une « Fatwa contre les toutous au Parlement iranien« . On passera sur les « toutous » (bien que je les retrouve ainsi par écrit dans les tests de droit !)… Mais une Fatwa doit être lancée par une autorité religieuse, alors que le parlement, fût-il iranien, vote de simples lois. Confusion totale des genres, une fois encore !
Du n’importe quoi… tous les jours, ou presque. En fait, certainement tous le jours, parce que je ne trouve pas toutes les idioties. Si je m’associais avec des gens connaissant les sujets dont j’ignore tout, la liste d’absurdités à la sauce « 20 minutes » serait au moins triplée.
Daniel
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17 avril, 2011 à 21:07
Pas plus tard que hier, j’ai une une discussion avec un client au sujet de ce torchon! Il me disait que c’était vraiment très très bien que ce journal existe. Il argumentais que c’est une manière d’informer les jeunes, que c’est vite lu et la seule chose que je lui ai dite c’est que le rôle de ce journal n’étais qu’une machine à désinformation! Il est resté très surpris de ma remarque et ma sorti l’argument que c’est pas comme le Matin .. Réponse: le matin c’est pire car c’est la même chose mais il faut payer . Il faut précisé que le client est âgé de environ 65 ans et que j’ai 26 ans.
Mais si ont regarde autour de nous une bonne parie des gens le lisent. Franchement à croire que bon nombre d’entre eu ont perdu leur sens critique pour lire certaine chose sans que ça ne face réagir.
18 avril, 2011 à 1:09
@Renato :
Je vous offre un petit espoir : j’ai moi aussi parcouru les 5 numéros de cette semaine pour faire ce billet. Il n’est donc pas exclu (et même probable) qu’une partie des lecteurs de ce torchon se rendent compte que cela ne vaut pas pipette. La seule question est : combien ?
Et comme disait Brassens… le temps ne fait rien à l’affaire ! (autrement dit, ce n’est pas l’âge qui compte…)
18 avril, 2011 à 11:01
« Pour clôturer ce magnifique florilège [...] »
Non, pas vous?!
Pourquoi ne pas vous contenter de le clore ou alors de le nouer, à la manière d’un beau bouquet de fleurs (puisque c’est de cela qu’il s’agit)
PS: par contre, libre à vous de clôturer le jardin ou la prairie dans lequel/laquelle vous cueillez vos fleurs…
18 avril, 2011 à 11:33
Aaaaargh ! Dans le panneau !
Et pourtant, je fais bien la différence… ce qui ne m’a pas empêché de faire l’erreur. Peut-être faudrait-il que j’arrête de lire la presse ?
(Je vais vite corriger !)
19 avril, 2011 à 0:03
Notez que l’utilisation du verbe clôturer pour exprimer l’action de mettre fin à un compte, à des débats juridiques ou politiques ou, comme ici, à un inventaire, par exemple, remonte à plusieurs siècles et figure dans les dictionnaires. Les définitions de ces deux mots sont donc plus proches qu’on croit généralement. De surcroit, comme vous l’avez sans doute remarqué, l’un est régulier, l’autre pas, raison pour laquelle clôturer est souvent préféré à clore.