Dans « 24 heures » du 28 mars 2011 : « Des pompes funèbres pour les animaux »
- Billet invité -
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La lettre qui suit a été envoyée à une rédactrice suite à l’article mentionné ci-dessus. Avec l’autorisation de son auteur (Florilège), je vous en communique son contenu ci-dessous (mais sans interpellation ni salutations d’usage).
En effet, je me désole moi aussi de voir jour après jour la langue française être écorchée dans les journaux publiés dans notre pays : trop nombreuses fautes d’orthographe, vocabulaire inadéquat, anglicismes inutiles, langage parlé, ponctuation mal utilisée et parfois même une syntaxe défaillante. Notre langue écrite est à l’abandon…
A signaler : l’article en question n’a pas été publié sur Internet avec les termes incriminés ci-dessous.
Daniel
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La lettre de « Florilège » :
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« La langue française est une femme. Et cette femme est si belle, si fière, si modeste, si hardie, si touchante, si voluptueuse, si chaste, si noble, si familière, si folle, si sage, qu’on l’aime de toute son âme, et qu’on n’est jamais tenté de lui être infidèle. » [Anatole France, Propos; 1921]
Mais si incroyable que cela paraisse, la langue de Molière et de Racine, de Descartes et de Voltaire, de Ramuz et de Chessex, la langue de la Révolution et de la Résistance, la langue de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, des Serments de Strasbourg et de la Marseillaise, la langue française est en danger.
Bien souvent, elle se retrouve assiégée par les amis de l’anglomanie. Ceux-ci, convaincus de la supériorité incontestée de la langue de Wall Street, n’hésitent jamais à violenter le français, à l’humilier, à le moquer. La recette est toujours la même : quelques tonnes d’anglicismes outranciers et une quantité insoupçonnable de mauvaise foi justifiée par le sempiternel : « Il n’y a pas d’équivalent français ! ».
Aussi, je me désole de constater que « 24 heures », un journal francophone vieux de plus de deux siècles, chargé d’informer le peuple vaudois des nouvelles de ce monde, ne se soit laissé piéger par les complices du tout à l’anglais.
A l’origine de ma lettre, des centaines d’anglicismes irrévérencieux et une longue exaspération. Vous n’êtes donc pas, Madame, la seule source de mon mécontentement. Mais le mot qui fit céder ma patience se trouve être né sous votre plume : « Les pets, un marché qui se chiffre en millions ». Pour mon dictionnaire, ce sont des « gaz qui [sortent] du corps par l’anus avec ou sans bruit. » Comprenez donc mon étonnement lorsque vous soutenez qu’ils représentent un commerce juteux ! Plus sérieusement, n’aurait-il pas été plus pertinent de parler d’animaux de compagnie ?
Pour conclure, l’évolution du français, notamment dans les journaux, m’inquiète. C’est pourquoi j’espère que vous manifesterez, à l’avenir, davantage de respect à l’égard de notre langue. Elle le vaut bien.
Florilège