Elections communales lausannoises : remarques d’un commentateur dilettante de la chose publique
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Billet invité
Voici un billet proposé par un collègue à propos des résultats des élections communales à Lausanne le weekend passé. Je vous souhaite une bonne lecture ! Daniel
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Désordre local pour un ordre global
Citoyen lausannois, j’ai voté par correspondance et j’ai été chercher les résultats officiels du scrutin du 13 mars 2011 pour l’élection du Conseil communal de Lausanne.
La première chose qui saute aux yeux à la lecture de la liste des sièges obtenus, c’est l’absence de « petits » partis ou d’indépendantEs.Qu’on se le dise : il y a peu de place pour la dissidence. Cinq partis « squattent » l’hémicycle. La personnalité peut s’exprimer : oui ! mais au sein d’un parti… Cette voix discordante, qu’elle me fasse un peu peur comme celle de « Lausanne Libre » avec son discours foireux du « ni de droite ni de gauche » et ses 20’910 suffrages ou qu’elle cherche à s’exprimer par le « Parti Pirate » (18’297 suffrages), n’a pas droit de cité. Zéro siège obtenu.
Même le « Parti vert’libéral » et sa tentative de réconcilier les idéologies écologiste et libérale, avec ses 91’533 suffrages, est exclu du cénacle. Les plus petites formations au niveau communal qui représentent la population, « La Gauche » ou l’UDC, totalisent 13 ou 14 éluEs. Autant pour la diversité des problématiques, la pluralité des opinions. Tu te soucies de la classe moyenne, tu votes PSL. Tu as des préoccupations d’ordre économique, tu votes PLR. Tu t’inquiètes pour les pâquerettes, tu votes Verts. T’es pas raciste, mais tu veux défendre d’abord ceux de ta race, tu votes UDC. Tu t’intéresses à la marge, à l’exploitation, à la solidarité institutionnelle, tu votes « La Gauche ».
Séduisant, non?
Passé l’effroi de la constatation de la stérilité du terreau politique, j’ai regardé les résultats individuels des 100 personnes élues. Deux surprises dans ce classement. Outre la première place d’Oscar Tosato (PSL) avec 8’608 suffrages et la deuxième place de Olivier Français (prime aux sortants), on note la relative contre-performance du Syndic Daniel Brélaz qui se place en 7e position. Seulement avec un modeste 6’489 suffrages. Pas de polémique.
La seconde surprise des résultats du week-end, c’est le mauvais score de l’UDC. Perspective réjouissante, si l’en est; même si les élections du Conseil communal de Lausanne présentent certains biais (sensibilité urbaine, romande…). Le meilleur élu du parti du bouc n’arrive qu’à la 71e place avec 4’294 suffrages et le vociférant Claude-Alain Voiblet à la 75e avec seulement 4’222 suffrages. Un peu moins que la moitié du résultat d’Oscar Tosato.
Que dire du 100e Conseiller communal et son misérable 2’879 suffrages. Sur 2’295’010 suffrages exprimés! Sur 290’456 obtenus par son parti ! Sur 23’612 votants qui peuvent accorder deux fois leur confiance à la même personne ! Faible ancrage populaire pour un tel pouvoir de nuisance.
La légitimité des urnes permet-elle ce « hold-up » du débat politique et social par les représentantEs du parti le moins bien élu, auquel on assiste en ce moment sous nos yeux ébahis ? Les défis auxquels nous faisons face autorisent-ils qu’on laisse polluer les discussions par la méfiance systématique, par la peur tacite, l’égoïsme masqué ? Les enjeux de la situation sont-ils si peu importants qu’on accepte de concevoir et de mettre en oeuvre des solutions qui sentent le souffre, qui visent à éluder les problèmes, à désigner des boucs émissaires; solutions qui ont d’ailleurs largement fait la preuve de leur nocivité.
Durant cette législature, va-t-on gérer de la pathologie sociale et humaine (clin d’oeil à Claude Bourguignon) ou va-t-on faire de la politique ? Si tant est qu’on puisse en faire dans un organe législatif ?
Régis, sur une idée d’Anne