Dans la Tribune de Genève et 24 heures, le 22 février 2011 : Vimentis, le sondage qui donne des arguments à tous les partis politiques
http://www.tdg.ch/sondage-conforte-partis-politiques-2011-02-21
La Suisse n’a jamais été la « patrie des sondages » comme le sont les Etats-Unis ou, plus près de nous, la France. Mais cela n’empêche pas certains instituts de proposer des résultats d’enquête de temps en temps, notamment à l’approche d’élections ou de votations. Mais ces sondages n’ont pas un grand crédit auprès de la population : les échecs se sont accumulés. On se souvient en particulier de la sous-estimation des « oui » avant la votation sur les minarets.
Mais ce n’est pas tout : selon divers sondages, les citoyens étaient assez largement favorables à l’initiative sur les armes et à l’initiative du PS sur les impôts. Et les urnes ont donné la majorité aux opposants à ces deux initiatives.
L’article des deux journaux lémaniques évoque quant à lui un sondage effectué par l’institut Vimentis. On y apprend qu’une majorité serait favorable à une Caisse unique dans le domaine de l’assurance maladie de base, alors qu’une proposition en ce sens a été encore récemment refusée par les électeurs. Une forte majorité serait également favorable à un salaire minimum. Mais qu’en serait-il le jour de la votation ? Quelques jours plus tôt à peine, les journaux nous indiquaient qu’un autre sondage estimait à 61 % la proportion des citoyens favorables à l’initiative pour six semaines de vacances minimum. Avec quelles chances réelles de réussite ?
Cette répétition du même scénario, enchaînant sondage favorable, campagne de votation et résultat négatif commence à tenir du rituel agaçant. Mais cela n’empêche pas nos quotidiens de nous annoncer avec fracas à chaque fois un nouveau sondage, comme si les précédents avaient été confirmés. De temps en temps, une interview d’un spécialiste vient relativiser les résultats des sondages, en expliquant et en expliquant à nouveau. Mais tout cela est très vite oublié… et hop, un nouveau sondage !
De fait, je considère qu’il y a fondamentalement trois cas de figures possibles qui pourraient expliquer cette situation :
1) Les sondages n’arrivent pas réellement à cerner les intentions de vote des citoyens
D’abord, il y a le fait que les questions sont posées bien avant le jour où les citoyens devront réellement se décider. Et certains de ceux qui auront répondu au sondage n’iront peut-être même pas voter… On peut très bien supposer que les questions sont posées à des gens qui n’y ont pas encore réfléchi, voire qui ne songeaient pas le moins du monde que la question puisse être posée. D’autres hypothèses sont encore possibles : peut-être que les sondages ne sont tout simplement pas capables d’appréhender correctement la population helvétique et sa diversité.
2) Les citoyens s’informent principalement au moment de la campagne
C’est un autre cas de figure. Simplement, les citoyens n’ont pas d’intérêt particulier pour la question en dehors d’une perspective concrète de votation. Ils répondent donc en fonction de préférences très générales (chic, plus de vacances !), mais sans avoir pris le temps de soupeser le pour et le contre. La campagne leur permettrait alors, en écoutant les divers intervenants, de se rendre compte des inconvénients ou du coût des propositions mises sur la table.
3) Les campagnes massives matraquent le citoyen et l’influencent avant le vote
Des millions de francs sont dépensés en annonces et en affiches pour tenter de convaincre les électeurs. On assiste d’ailleurs souvent à une disproportion de moyens choquante entre les deux camps en présence. Il est difficile d’imaginer que ces millions soient dépensés en pure perte et sans prendre en considération leur efficacité. Il faut donc aussi prendre en considération la possibilité que les électeurs indécis (les 10 ou 20 % qui peuvent balancer entre les deux camps) soient « gagnés » à coups de matraquage publicitaire… comme les clients des supermarchés.
Je ne suis pas sûr qu’on puisse trancher définitivement entre ces trois scénarios. Il est d’ailleurs fort probable que les trois contiennent chacun une part de la vérité. Mais il serait justement très intéressant de creuser plus avant la question au lieu de retomber sempiternellement dans le même panneau. Il y aurait là une authentique question démocratique : que révèle cette contradiction redondante entre sondages et résultats dans les urnes ?
Daniel
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