Piques et répliques – 2

Quelques réflexions critiques sur tout et rien

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Archive pour le 13 février, 2011


M.H. Miauton se défend… en chroniquant

13 février, 2011
Divers | 4 réponses »

Le Temps du 11 février 2011 : Dictature intellectuelle

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/b3fbb4a6-355b-11e0-a83c-72c9481907e8/Dictature_intellectuelle

M.H. Miauton se défend... en chroniquant paquerettes

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Les chroniques de Marie-Hélène Miauton dans « le Temps » m’ont déjà plusieurs fois fait réagir et la dernière en date mérite à nouveau une petite attention. De fait, M-H Miauton réagit à un courrier de lecteur publié la veille de sa chronique hebdomadaire, soit le 10 février 2011. La chroniqueuse a donc réagi au quart de tour… ou sur un coup de sang. Qui sait, peut-être était-elle justement à la recherche d’une idée ? Toujours est-il qu’elle utilise sa propre chronique pour se défendre, ce qu’elle avait déjà fait au moins une fois par le passé. Sa défense est accompagnée cette fois-ci par celle du rédacteur en chef Pierre Veya.

Que dit donc ce simple « courrier de lecteur » qui mérite une chronique à lui tout seul ? Voici un résumé « maison » :

D’abord il questionne : « Jusqu’à quand le lectorat du Temps devra-t-il supporter ses chroniques (celles de M-H M.) à l’emporte-pièce ? ». Ensuite il propose de « congédier sur-le-champ cette pseudo-intellectuelle médiatique » et la compare à messieurs Barraud, Derder, Décaillet, Poncet et Windisch qui « font les choux gras de publications avides de verser dans le populisme et le sens commun« . Il évoque son institut de sondage sans aucun sociologue en son sein et estime que M.H. Miauton « s’autoproclame égyptologue, criminologue, spécialiste de l’enseignement supérieur, politologue« , ayant un avis sur tout, « un avis digne d’autres quotidiens de l’Arc lémanique » (Devinez lesquels, NDLR). Il conclut ainsi : « Alors que les pages Opinions du Temps comptent parmi les plus stimulantes, cette chronique discrédite totalement le quatrième pouvoir et pollue l’idéal démocratique« .

Pas de doute, c’est une charge violente. Mais je soupçonne Mme Miauton de s’énerver autant surtout parce que quelqu’un lui a piqué son « emporte-pièce« . Les miroirs sont bien souvent cruels. Et il y a bien sûr aussi le fait que ce courrier ait été diffusé à tous les lecteurs du Temps. En effet, mon blog ou celui de Kalvin Whiteoak n’ont semble-t-il jamais fait réagir Mme Miauton, en tout cas jamais dans une chronique…

Cela dit, utiliser sa propre chronique hebdomadaire pour se défendre n’est pas tout à fait banal. Elle dispose ainsi d’un espace gratuit – et probablement payé – pour sa cause personnelle quand d’autres se contentent d’un blog personnel (de nombreux journalistes). Alors, je me propose d’examiner plus en détail son système de défense à partir de quelques points relevés :

1) Dès la première ligne de son texte, M-H. Miauton cite ses coaccusés, soit Miauton, Derder, Décaillet, Poncet, Windisch. Au passage, elle oublie « Barraud » que je considère personnellement comme le plus pertinent de la liste. Pourquoi ? Ceci explique peut-être cela…

2) Ces « néo-conservateurs qu’il est urgent de faire taire« , voici selon elle la « teneur du courrier de M. Gonin, enseignant d’extrême-gauche (bientôt un pléonasme) paru hier dans le Temps« . C’est manifestement plus fort qu’elle : elle vit par les poncifs simplistes. Tous les enseignants (ou presque) seraient d’extrême-gauche. Alors, je me rebiffe, car je ne me situe pas à l’extrême-gauche, bien qu’enseignant, et j’observe auprès de mes collègues une grande diversité de sympathies politiques qui couvre presque l’entier du spectre gauche-droite. Une fois de plus, c’est du « n’importe quoi » digne d’un pilier de bistrot.

3) Elle insiste en particulier sur son droit de chroniquer sans devoir présenter une légitimité particulière. Je lui donne raison sur ce point, car c’est le cas de la plupart des chroniqueurs qui s’expriment sur une grande variété de thèmes.

4) « Ce courrier ne mérite guère que l’on s’y attarde » ajoute-t-elle en y consacrant toute sa chronique hebdomadaire. Heureusement qu’il en est ainsi, sans quoi elle en ferait une dizaine…

5)  Elle s’en prend aussi à la rédaction qui a accepté de publier ce « courrier injurieux« , d’où le texte joint par le rédacteur en chef. Pour elle, le »vrai problème, c’est que ce courrier ait pu paraître« . Si on considère le courrier injurieux, la question peut en effet se poser. Mais quid de la liberté d’expression qu’elle s’attribue à elle-même, sans hésiter à diffamer l’ensemble des enseignants ?

6) Enfin, elle termine par : « Les médias sont ainsi devenus les otages de leur propre idéologie. Ils chantent tous la même musique (…)« . Et vlan : un poncif simpliste de plus !!! Mais si on peut lire régulièrement Charles Poncet (dans l’Hebdo), Marie-Hélène Miauton (dans Le Temps), Ueli Windisch (dans le Nouvelliste et d’autres) ou Fathi Derder (dans 24 heures jusqu’à son récent engagement en politique), c’est bien que les médias ne correspondent pas à l’idéologie unique de centre-gauche que vilipende Mme Miauton. Manifestement, les « néo-réacs » ont aussi bien leur place dans les médias.

Tentons donc une petite synthèse après attaque et défense. M. Gonin, l’auteur de la lettre de lecteur, a la dent dure, c’est certain. Cela dit, sa critique, si on la lit attentivement, s’en prend avant tout au simplisme « à l’emporte-pièce » des chroniques plutôt qu’à ses positions bien à droite. C’est le « niveau » qui est en cause. D’ailleurs, je dis la même chose dans les divers billets que j’ai consacrés à ces chroniques miautonesques :

Quand les noirs américains sont responsables du racisme à leur encontre… (21.22.2008)

Quand les coûts de la santé s’expliquent entre bons et méchants… (15.05.2009)

Quand il vaut mieux ne pas trop punir les délits en costard-cravate… (22.01.2010)

Quand c’est la gauche qui est coupable de l’emploi des clandestins par des profiteurs… (26.02.2010)

Quand le centre-droit – les gentils – sauve le pays… (03.12.2010)

Quand les arabes ne méritent que la dictature… (05.02.2011)

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Le problème, avec les chroniques de Mme Miauton, ce n’est pas qu’elles expriment une pensée de droite ou conservatrice. Cela paraît même plutôt normal dans un journal de droite comme « Le Temps ». Non, ce qui coince, c’est qu’elles jurent franchement avec la qualité des interventions des autres rédacteurs de ce quotidien en confinant trop souvent à la discussion de troquet, à coups d’idées reçues éculées et de réactions simplistes. Quand je paie mon abonnement au Temps, j’espère recevoir des réflexions qui dépassent un tant soit peu le sens commun. D’ailleurs, je tiens à préciser que j’apprécie la lecture d’opinions distantes des miennes, voire très conservatrices, qui viennent me déranger et me forcent à réfléchir « un peu plus loin ». C’est par exemple assez souvent le cas avec les articles signés par Olivier Delacrétaz dans « La Nation« . L’organe de la Ligue vaudoise est très conservateur, mais sait proposer des réflexions d’un certain niveau.

En conclusion, il ne m’appartient pas de décider qui doit faire les chroniques de mon quotidien, mais j’apprécierais beaucoup que « Le Temps » finisse par trouver un chroniqueur/une chroniqueuse capable de me donner à réfléchir plutôt qu’à pleurer…

Daniel 

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