Une annonce payante de l’UDC dans les quotidiens – Février 2011
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J’affirme : « L’UDC ment ! »
Et je le démontre… :
Dans une annonce parue le 5 février 2011 dans le quotidien vaudois « 24 heures », l’UDC titre :
« Voici ce que nous devons à la gauche et aux partis du centre :
4 milliards de francs d’impôts, de redevances et de taxes supplémentaires depuis le début de l’année ! »
Puis, elle complète en affirmant que « depuis le 1er janvier 2011, l’Etat tire presque 4 milliards de francs supplémentaires des poches de la population« , que « cela fait 450 francs par habitant » ou « 1800 pour une famille de quatre personnes« . Puis arrive l’estocade : la faute en est à la gauche et aux partis du centre « qui ont imposé cette hausse des impôts et redevances » que seule l’UDC a combattue. Suivent deux sortes de notes de bas de page en petits caractères serrés (que personne ne lira…). La première indique que les 4 milliards sont issus de la hausse de la TVA de 0,4 % à partir du 1er janvier, des augmentations des primes d’assurance maladie, ainsi que du 0,2 % de prélèvement en faveur de l’assurance chômage. La seconde signale que « l’UDC s’est battue seule contre la hausse de la TVA voulue par les autres partis » et a également combattu les autres dispositions. Voilà.
Où est le mensonge ?
Il est là, dans l’assertion suivante : « La gauche et les partis du centre ont imposé cette hausse des impôts et des redevances« . Pourquoi ? Parce que c’est la population suisse elle-même, qui a pris ces décisions, en votation populaire !
La hausse de 0,4 % de la TVA (pour rééquilibrer les finances de l’AI) a été acceptée en votation populaire le 27 septembre 2009 (attestation du résultat ici). La hausse de 0,2 % (0,1 % pour l’employé et 0,1 % pour l’employeur) a elle été acceptée en votation populaire le 26 septembre 2010. La deuxième note de bas de page fait aussi allusion à d’une disposition rejetée dans le domaine de l’assurance maladie et l’acceptation de l’assurance maternité. Il s’agit là aussi de résultats de votations populaires. Il n’y a donc eu aucun parti pour « imposer » ces décisions : elles sont le fruit d’un débat national et d’une votation populaire, soit la ratification la plus légitime qui soit en démocratie. Nulle part l’annonce n’indique qu’il s’agissait de votations populaires; l’intention de tromper l’électeur est donc manifeste. L’UDC pense probablement que ses électeurs ont une mémoire de poisson rouge et ont déjà oublié depuis longtemps ces votations… Il est terrible de penser qu’elle a peut-être raison.
Il ne faut pas oublier que le système de démocratie directe permet aux citoyens suisses de verrouiller le système fiscal : le taux de TVA maximal figure dans la constitution (référendum obligatoire) et les diverses taxes et impôts sont basés sur des lois soumises au référendum facultatif. C’est donc bien le peuple suisse qui accepte ou non des hausses et aucun parti ou aucune alliance de partis ne peut les imposer. Impôts et taxes…. mais de quelles « redevances » l’UDC peut bien parler dans son annonce… Encore un truc.
Le toupet incroyable du parti ressort encore mieux lorsqu’on poursuit l’examen de l’annonce jusqu’au bout : on y découvre le slogan démagogique du parti : « Les Suisses votent UDC« - « pour moins d’impôts, de redevances et de taxes« . Au passage, on rappellera qu’une majorité de Suisses (environ 70 %) NE VOTENT PAS POUR L’UDC. Mais surtout, il faut remarquer à quel point le slogan tombe ici à plat : ce sont justement « les Suisses » qui ont accepté les augmentations en question. Mais l’UDC n’a que faire de la démocratie quand elle ne va pas dans son sens. Si quelqu’un ose critiquer la décision populaire sur les minarets, c’est tout de suite un concert de hauts cris contre les « anti-démocrates ». Mais lorsqu’il s’agit de décisions fiscales contre des recommandations de l’UDC, exit la démocratie. Un peu comme quand Blocher était allé en Turquie critiquer une disposition pourtant adoptée en votation populaire…
Cette annonce est un tissu de mensonges éhontés. L’UDC confirme de la plus belle des manières son statut de parti menteur, manipulateur et démagogique. Et je m’interroge : faut-il que « 24 heures » et/ou Edipresse soit vraiment sur la paille pour accepter d’intégrer à sa page de tels mensonges « payants ».
Daniel