Le Temps du 3 décembre 2010 : L’UDC et les autres
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/23db1b58-fe5d-11df-83d9-55e75714d428/LUDC_et_les_autres
.
Un « journal de révérence », cela sert aussi à ça : le citoyen éperdu peut retrouver ses marques lorsqu’il se sent abandonné par le monde politique et qu’il ne sait plus à quel saint se vouer. Mme Miauton, égérie du vendredi et des sondages, se charge d’être un guide dans la complexité du réel.
« L’UDC a gagné » (pour ceux qui auraient loupé un épisode…) et « cela laisse à penser que ce parti est en voie de gagner les élections fédérales de 2011 » (c’est probablement un avant-sondage télépathique…). Après cette mise en route toute en finesse arrive le plat de résistance : « L’UDC est le seul en Suisse qui semble entendre les préoccupations fondamentales de la population« . Eh oui, depuis des décennies, un souci fondamental animait les Suisses, une inquiétude sourde sur le nombre exact de minarets qui allaient agrémenter ses paysages : quatre ou cinq ? Mais l’UDC, toujours à l’écoute des préoccupations les plus fondamentales des gens, a pris en charge ce souci prioritaire. Le seul… Comme le dit cette « spécialiste » : « On peut le déplorer, mais c’est ainsi« .
Il n’y a heureusement pas que l’UDC parmi les acteurs politiques que Mme Miauton se charge de décoder. Il y a aussi « la gauche qui s’entête par exemple à vouloir changer la fiscalité alors que le peuple l’apprécie telle qu’elle est« . Le sondage qui montrait que 58 % des Suisses envisageaient d’accepter l’initiative fiscale du PS avant d’être matraqués par des mensonges éhontés leur promettant « une augmentation d’impôts pour tous les Vaudois » est évidemment complètement délirant, puisqu’il n’émane pas de la fabrique de sondages Miauton. Elle « sait » que les Suisses sont très contents d’être taxés plus fort que les milliardaires planqués à Schwytz ou à Zoug.
Mme Miauton nous rappelle aussi que la gauche « sait se montrer aussi populiste que l’UDC » (mais on a vu que dans le cas de l’UDC c’est pour la bonne cause, puisqu’ils sont les seuls à « entendre » les soucis fondamentaux du peuple…) et lance des « initiatives irresponsables » comme celle qui propose six semaines de vacances. Complètement irresponsable, puisque cela va à nouveau obliger les milieux économiques à dépenser des millions pour remplir les journaux d’annonces payantes.
Mais heureusement, tout n’est pas complètement noir dans la politique suisse : « Le centre droit, lui, s’applique avec persévérance à gérer raisonnablement le pays« . De plus, « il se coltine en outre tous les sujets qui fâchent mais touchent au cœur du fonctionnement du pays: l’âge de la retraite, l’assainissement des assurances sociales, l’approvisionnement énergétique et autres fariboles de ce genre !« . Heureusement que nous sommes veillés par ces politiciens responsables qui pour rien au monde ne succomberaient au poids des lobbys ou à des pressions de leurs bailleurs de fonds. Des gens biens !
Mais il n’y a pas que la gauche parmi les irresponsables. On trouve aussi les Verts « qui capitalisent à fond sur cette nouvelle religion qu’est devenue l’écologie » (complètement irrationnels, ces hurluberlus !), mais heureusement le savoir politique de Mme Miauton indique en avant-première que « l’étroitesse de leur corpus idéologique limitera leur progression« . Parce que, voyez-vous, ces gens ne s’intéressent bien sûr qu’aux fleurs et aux papillons…. un corpus terriblement réduit, évidemment. L’UDC, par contre, a une thématique particulièrement large, comme chacun peut le constater…
Certains croient que la politique est une chose subtile et complexe. Mais ils n’ont rien compris et devraient prendre des cours auprès du professeur Miauton qui se fera un plaisir de leur montrer à quel point les choses sont simplissimes. Il y a des méchants (la gauche), des ahuris (les verts), une grande oreille (l’UDC) et enfin des politiciens à qui il faut absolument confier le pouvoir car ce sont les seuls à être des gens sérieux (le centre droit). Heureusement que « Le Temps » confie cette rubrique hebdomadaire à Mme Miauton qui sait « sortir des tours d’ivoire et de l’intellectualisme » pour montrer à chacun le droit chemin.
Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?
Daniel
Pour les amateurs de rubriques simple à la sauce Miauton, je recommande aussi :
La sondeuse, la FIFA et la corruption – 31.10.2010
Clandestins : chronique menteuse – 27.02.2010
Angélisme de droite ? – 24.01.2010
Coûts de la santé : chronique simpliste – 16.05.2009
Miauton : une chronique noire qui glisse dangereusement – 24.11.2008
Fil RSS 2.0. Réponses et trackbacks sont desactivés.
4 décembre, 2010 à 18:23
Excellent . Cette égérie du capitalisme et de la pensée unique de droite n’a strictement rien à faire dans un « quotidien de référence », elle en gâche le papier avec ses sottises hebdomadaires.
5 décembre, 2010 à 12:11
D’ailleurs, madame Miauton, invitée à la radio pour parler de corruption à la FIFA a eu cette très belle phrase : « ne dites pas que c’est plus compliqué que ça », alors que son interlocuteur essayait d’avancer des arguments plus complexes que ceux du café du commerce.
Et l’autre jour, elle a expliqué que si Ricardo Lumengo « a quitté le PS mais pas le Conseil national et le Grand Conseil bernois » c’est parce qu’il avait besoin de cet argent, vu qu’il ne bossait pas à côté, contrairement à saint centre droit qui a un travail à côté de son engagement politique, lui, au moins. Manque de bol, c’est totalement faux, puisque Lumengo a démissionné du conseil de Ville biennois et du Grand Conseil bernois au moment de son élection au national, ce qui serait totalement idiot pour le politicien vénal qu’elle décrit.
5 décembre, 2010 à 14:36
@Kalvin : on ne pourrait mieux dire !
@raph : affreux, c’est la simpliste en chef. A force de proposer des questions fermées oui/non dans des sondages ?
J’ai failli faire un billet sur le saint-centre droit qui bosse à côté et les politiciens de gauche qui ne font que ça (c’est bête, ils ont souvent pas le choix, puisqu’ils sont moins souvent indépendants ou chefs d’entreprises), mais je manquais de temps ce jour-là et j’ai fini par laisser tomber…
Les seules fois où elle dit quelque chose qui tient la route, c’est quand elle parle de faits de société. Mais quand elle évoque l’économie, la politique ou les relations internationales, elle propose des textes qui ne devraient même pas être publiés dans le Matin.
8 décembre, 2010 à 9:41
Miauton simplette et le temps une référence. Là on a tout faux !
Le temps, c’est LA référence du libéralisme de confédération suisse SA.
Miauton est parfaitement dans l’air du temps (KISS…), endormir les masses avec du simple (people, sport, thématique porteuse sur la surpopulation étrangère) et laissez-nous faire nos grosses affaires sérieuses tranquilles
9 décembre, 2010 à 0:16
@Joe Bar :
Lisez bien attentivement : je n’ai pas écrit « journal de référence », mais « journal de révérence »…
9 décembre, 2010 à 14:22
OUps autant pour moi !