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24 heures du 20 novembre 2010 : Propagande mensongère
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La menace de « l’enfer fiscal » n’a pas suffit : les électeurs semblent toujours hésiter à accepter de limiter l’aspiration des contribuables aisés par quelques cantons de Suisse centrale à coups de concurrence déloyale. « L’enfer fiscal« , c’était déjà très démagogique et complètement hors de proportion. Les cantons de Suisse romande, Zürich, Berne, Bâle et plusieurs autres connaissent déjà des taux d’impôts marginaux de plus de 22 % pour les revenus de plus de Fr.- 250’000 (pour célibataires). Sont-ils donc des enfers fiscaux ? Et si on demandait aux résidents des pays voisins ce qu’ils en pensent ?
Les adversaires de l’initiative passent donc à la vitesse supérieure : la publicité mensongère !
Il est parfaitement normal qu’une initiative visant à limiter la concurrence fiscale que se livrent les cantons suscite des oppositions et un vif débat. On peut défendre l’idée de limites aux abus de cette concurrence entre cantons (à gauche), mais on peut aussi tout aussi légitimement défendre le principe de souveraineté cantonale en la matière (à droite). Lorsque le débat consiste à mettre en valeur les avantages et les inconvénients de l’initiative ou les mérites ou les faiblesses de la situation actuelle, c’est la voie de la démocratie. Et la majorité populaire tranchera.
Mais si la concurrence fiscale connaît des abus, la démocratie aussi. Voici une annonce publiée ce jour par le comité « Non à l’enfer fiscal« .C’est un véritable tissu de mensonges :
1) « Non à des hausses d’impôts » : ici, on rappellera que l’initiative concerne environ 1 % des contribuables. Généralisation abusive dans le titre (mais cela est assez habituel…). Démagogie !
2) « L’initiative (..) menace TOUS les contribuables » : Faux ! L’acceptation de l’initiative pourrait entraîner dans certains cantons un débat sur une adaptation des impôts sur les revenus un peu inférieurs à Fr. 250’000.-. Rappelons ici que cela représente plus de 20’000 francs par mois (assez loin des revenus de la majorité de la population). Mensonge !
3) « Aussi en Suisse romande » : Tous les cantons de Suisse romande ont un taux d’impôt marginal sur les sommes supérieures à la barre de Fr. 250’000.- de revenu supérieures au 22 % exigé par l’initiative socialiste. Il n’y aura donc pas de changement pour les contribuables romands. Ici encore, Mensonge !
4) Le graphique : Mais d’où sort ce « 19 % » ? En tous pas de Suisse romande et il ne concerne en tout cas pas TOUS les contribuables. Mensonge !
5) « Toute la courbe doit être revue à la hausse* » : c’est encore une fois faux ! Les 22 % ne s’appliqueront qu’aux sommes supérieures à Fr. 250’000.-. Les premiers 250’000 francs de revenus peuvent donc continuer à être taxés avec des taux inférieurs. La progression reste.
Voici un exemple simple :
à 200’000, impôts = 20’000 (avant et après)
à 250’000, impôts = 25’000 (avant et après)
à 251’000, impôts = 25’220 après (25’100 avant)
à 255’000, impôts = 26’100 après (25’500 avant).
Où est le scandale ? Où est « l’enfer fiscal » ?
6) « *Notre système d’imposition progressive ne permet pas de modifier un échelon sans modifier toute l’échelle d’imposition » : Faux ! Le principe constitutionnel qui doit être respecté, c’est celui de l’imposition selon la capacité contributive qui justifie que les revenus les plus grands soient imposés plus lourdement. Rien n’oblige à modifier l’échelle d’imposition (même à Wollerau, comme les quotidiens neuchâtelois l’ont démontré). Un débat pourrait s’engager ensuite sur des modifications d’échelles, bien sûr, mais cela n’a aucun caractère obligatoire. A nouveau, Mensonge !
Que vaut une démocratie lorsque ceux qui en ont les moyens peuvent à ce point intoxiquer la majorité de la population à coup d’annonces mensongères ? Et il vaut aussi la peine de se demander pourquoi ils tiennent à investir tant d’argent (c’est une vraie inondation !) dans une campagne comme celle-ci. Mon hypothèse, c’est qu’il y a un bon retour sur investissement et que l’argent investi sera récupéré fiscalement lorsque les classes populaires et moyennes auront voté contre leurs intérêts en ayant la chiasse d’une hausse d’impôts.
Démocratie ou ploutocratie ?
Daniel
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20 novembre, 2010 à 16:02
Je suis entièrement d’accord avec votre argumentation. Mais un peu étonné par le dernier paragraphe qui me semble iconséquent. En effet, pourquoi parler d’un «retour sur investissement», puisque ces hausses d’impôt seraient tout à fait minimes? Auriez-vous été victime de la propagande des opposants
20 novembre, 2010 à 16:24
Bonjour Béat,
Bien vu. Cela pourrait en effet être compris ainsi.Mais cela n’est à mon avis contradictoire qu’en apparence : les sommes investies dans la campagne ne le sont qu’une fois en 2010, et les retombées vont durer longtemps (et le gain sera sensible à terme), parce que si même une initiative modérée comme celle-ci est refusée, ce n’est pas demain la veille que les socialistes s’essayeront à nouveau à l’harmonisation fiscale.
20 novembre, 2010 à 18:24
On est bien d’accord.
20 novembre, 2010 à 19:12
Il est pour le moins curieux que 24 Heures, qui a la prétention d’être un organe d’information mû par une certaine éthique journalistique, publie des mensonges aussi évidents.
A moins bien sûr que l’explication soit que ce journal soit, comme beaucoup d’autres, devenu un pur et simple produit commercial soumis aux desiderata de ses annonceurs.
22 novembre, 2010 à 1:55
N’oubliez pas de voter et incitez surtout les gens autour de vous à allez voter ! Constater les mensonges ne suffit pas ! il faut aussi les sanctionner…
22 novembre, 2010 à 10:43
@ PoufPouf :
Et vous imaginez sérieusement que je pourrais oublier d’aller voter…
Par contre, je crains que la moitié des citoyens, comme d’habitude, néglige de le faire. J’espère que votre rappel stimulera quelques volontés !