Dans la presse et les médias, du 22 au 28 novembre 2010 :
La récolte de la semaine :
Dans « le Temps » du 23 novembre 2010 : Criminalité, la Suisse joue aec le feu
A l’opposé de la logique de l’UDC, et avec des arguments plutôt que des slogans moutonniers. A lire, à méditer.
Une fois n’est pas coutume, je fais dans l’autopromotion… Je recommande la lecture du discours de Dürrenmatt.
Sur Slate.fr, le 22 novembre 2010 : Mon (et votre) cerveau raciste
Pourquoi tant de corrélations comprises comme des causalités de manière foncièrement irrationnelle. Voici une explication par l’évolution de l’homme.
Dans « L’Hebdo » du 25 novembre 2010 : Un fossé au coeur de la Nation
Avec une récurrence imparable, les initiatives xénophobes reviennent dans le débat public (et il est bon de rappeler que l’UDC ne s’attaque généralement pas qu’aux délinquants…), et le vent xénophobe souffle de l’est. Moins il y a d’étrangers dans un canton, plus on les rejette. L’inconnu fait plus peur que le connu.
Dans « Le Courrier » du 24 novembre 2010 : Dublin-Wollerau
Les constructions basées sur la concurrence fiscale peuvent être fragiles. L’exemple de l’Irlande (mais auparavant aussi de l’Islande et tant d’autres) devrait faire réfléchir. On fera quoi si un jour ce sont les cantons de Suisse centrale qui s’écroulent.
Dans « le Temps » du 15 novembre 2010 : Les écarts de richesse rendent l’euro encore fragile
Je l’avais mis de côté (semaine trop chargée), mais je le propose tout de même maintenant : un excellent article qui explique les difficultés de l’euro par autre chose que des fables de cigales et de fourmis.
Sur le blog de Michel Santi, le 22 novembre 2010 : Pour sauver les européens, brisons les tabous
Egalement sur l’euro : les difficultés de l’Irlande montrent dans toute sa splendeur le petit jeu qui consiste à sauver le créancier (les banques) en pressurisant les contribuables. Pourtant, il y aurait d’autres solutions.
Sur « Rue 89″, le 28 novembre 2010 : « N0tre classe dirigeant n’est pas au niveau »
Une interview d’Emmanuel Todd, c’est toujours intéressant. Au menu, la droite et la gauche, la démographie, Sarkozy, les retraites…
L’initiative acceptée… on fait comment maintenant ? Après un nouveau défouloir populaire offert par l’UDC, les complications sans fin pour le parlement.
Bonne lecture !
Daniel
Une vidéo de l’émission Groland de Canal+ : « Dédé et le Caca dans un tajine »
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L’humour décalé et parfois complètement délirant de l’émission Groland est un peu inégal : parfois très drôle, parfois moins, parfois même carrément grossier. Mais il y a des perles et ce ne sont étonnamment pas forcément les gags les plus « subtils » qui sont les plus intéressants. Etrange.
Vu que l’après-midi de ce dimanche risque d’être une fois de plus un peu triste, autant se tourner vers la franche rigolade des Grolandais. La vidéo qui suit nous montre tout : l’événement insignifiant qui va faire le tour de la Terre, la manie de tout filmer et tout photographier, la tendance au « buzz » sur Internet à partir de faits divers, les exagérations qui viennent développer l’affaire, le scandale international, la bonne affaire pour les médias…
Bref…. place au joyeux délire :
…et je m’enfuis à toutes jambes…
Daniel
Dans « 24 heures » et « 20 minutes », pendant la semaine ouvrable du 22 au 26 novembre 2010
Ce weekend, les citoyens suisses sont appelés aux urnes pour voter sur l’initiative et le contre-projet concernant les expulsions de délinquants et criminels étrangers, ainsi que sur l’initiative « pour des impôts équitables« . Comme d’habitude apparaissent ici et là des affiches, des prospectus ou des annonces dans les journaux.
On dit que le citoyen se fait son opinion lui-même, rationnellement en pesant le pour et le contre, parce qu’on veut croire à la démocratie. Mais, parallèlement, les slogans et les images sur les affiches jouent avec les émotions et touchent autant que faire se peut le même citoyen dans ses tripes. Comme le consommateur…
L’impression qui domine, c’est que certains ont les moyens de couvrir les murs d’affiches pendant que d’autres s’offrent péniblement quelques espaces. Chaque dimanche soir de votation, de doctes élus s’échinent à répéter que cela ne joue pas un grand rôle, car le citoyen sait ce qu’il se veut. Fort bien… mais alors : pourquoi dépenser tant d’argent pour matraquer des slogans simplistes ?
Cette semaine, j’ai décidé de comparer les espaces achetés dans les deux quotidiens les plus lus de mon canton à propos de la votation sur l’initiative socialiste sur les impôts, qui consiste notamment à imposer un impôt marginal de 22 % sur les sommes gagnées au-delà d’un revenu de 250’000 francs. Sur un revenu de 300’000 francs, cela ferait augmenter l’impôt d’un contribuable célibataire gagnant 300’000 francs (soit 25’000 francs par mois – une paille !), et taxé aujourd’hui à 15 % (par ex.), de 3500 francs. Une catastrophe, la Bérézina, la ruine de la nation, n’est-ce pas ?
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Que ressort-t-il de cette petite observation ?
Annonces en faveur du OUI : 319 cm2
Annonces en faveur du NON : 2412 cm2 (soit 7,5 fois plus !)
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Tout est dit. Les moyens sont parfaitement disproportionnés. On pourrait étendre ce calcul à l’ensemble des journaux, à toutes les affiches et en général à tous les moyens de propagande, cela ne ferait que confirmer voire étendre le constat.
Et il ne s’agit pas ici d’une propagande anodine. S’il s’agissait au moins d’arguments honnêtes et rationnels, mettant en évidence les véritables inconvénients de l’initiative, des chiffres sérieux ou des arguments de principe… Mais non, il s’agit d’une propagande particulièrement mensongère tendant à faire peur à tous les contribuables pour les pousser à s’identifier pour l’occasion au 1 % de contribuables concernés par cette initiative, principalement dans certains cantons, dont aucun romand.
Voyez plutôt « l’enfer fiscal » promis par les opposants à l’initiative :
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NON à des hausses d’impôts.
Les impôts de la classe moyenne et des familles augmenteront.
Augmentation pour TOUS les contribuables, aussi en Suisse romande.
Payer plus d’impôts dans TOUS les cantons.
La prospérité et la croissance seront détruites.
La Suisse sera moins compétitive au niveau internationale.
Des emplois seront perdus.
Tous devront payer plus.
L’initiative propose le système fiscal pratiqué dans l’UE.
Hausse d’impôts pour tous.
Elle empiète massivement sur l’autonomie de notre canton et des communes (on parle de Vaud, là…).
Elle provoquera l’exode de contribuables importants (toujours Vaud !).
Et les pertes devront être compensées par tous les Vaudois.
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Mensonges ! Mensonges ! Mensonges ! Mensonges ! Mensonges !
Et plusieurs des derniers mensonges signalés dans cette liste sont même cosignés par des membres du gouvernement du canton de Vaud… Autant de malhonnêteté est tout simplement écoeurant ! Pendant ce temps, les partisans de l’initiative se contentent d’un gentil « Oui dans l’intérêt de tous les Vaudois à l’initiative pour des impôts équitables. Stop aux abus de la concurrence fiscale« .
Et sans rire, plusieurs quotidiens annonçaient pendant la semaine que l’initiative en faveur de 6 semaines de vacances pour tous obtiendraient le soutien de 61 % des électeurs suisses. Mais l’initiative fiscale était elle à 58 % dans le même genre de sondage… avant l’arrivée du bulldozer propagandiste anxiogène. On attend la vague de propagande anti.vacances et les slogans seront sans surprises. On peut rire ?
Alors, de deux choses l’une : soit de nombreux citoyens sont manipulables à volonté et cette propagande odieuse est effectivement efficace, soit le citoyen décide en connaissance de cause comme le veut le politiquement correct et ces dépenses outrancières sont totalement stupides, des millions jeté par les fenêtres. Faites votre choix.
Il était une fois la démocratie…
Daniel
Dans la presse et les médias, du 15 au 21 novembre 2010
La dernière sélection en date :
Dans « Le Temps » du 16 novembre 2010 : Pourquoi la presse décline et la démocratie en souffre
Certains patrons de presse ont beau s’en défendre, la baisse de qualité de l’information peut être démontrée et a été démontrée. Si nous tenons à la démocratie, il faudra s’intéresser à cette question.
Dans « Le Courrier » du 18 novembre 2010: Les patrons obtiennent les pleins pouvoirs
Tout va bien… Est-ce que les « idiots utiles » qui votent pour l’ultra-droite vont enfin finir par commencer (un peu) à comprendre ?
Dans « L’Hebdo » du 18 novembre 2010 : Initiative socialiste: qui perd, qui gagne?
Article global sur les votations sur les impôts avec surtout quelques simulations éclairantes.
Dans « Le Courrier » du 20 novembre 2010 : Fiasco
Va-t-il devenir plus difficile en Suisse de brocarder Kadhafi que les membres du Conseil fédéral ? La liberté d’expression prend des coups sous la pression des preneurs d’otages excités par les propagandes politiques stupides d’un certain Stauffer.
Bonne lecture !
Daniel
24 heures du 20 novembre 2010 : Propagande mensongère
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La menace de « l’enfer fiscal » n’a pas suffit : les électeurs semblent toujours hésiter à accepter de limiter l’aspiration des contribuables aisés par quelques cantons de Suisse centrale à coups de concurrence déloyale. « L’enfer fiscal« , c’était déjà très démagogique et complètement hors de proportion. Les cantons de Suisse romande, Zürich, Berne, Bâle et plusieurs autres connaissent déjà des taux d’impôts marginaux de plus de 22 % pour les revenus de plus de Fr.- 250’000 (pour célibataires). Sont-ils donc des enfers fiscaux ? Et si on demandait aux résidents des pays voisins ce qu’ils en pensent ?
Les adversaires de l’initiative passent donc à la vitesse supérieure : la publicité mensongère !
Il est parfaitement normal qu’une initiative visant à limiter la concurrence fiscale que se livrent les cantons suscite des oppositions et un vif débat. On peut défendre l’idée de limites aux abus de cette concurrence entre cantons (à gauche), mais on peut aussi tout aussi légitimement défendre le principe de souveraineté cantonale en la matière (à droite). Lorsque le débat consiste à mettre en valeur les avantages et les inconvénients de l’initiative ou les mérites ou les faiblesses de la situation actuelle, c’est la voie de la démocratie. Et la majorité populaire tranchera.
Mais si la concurrence fiscale connaît des abus, la démocratie aussi. Voici une annonce publiée ce jour par le comité « Non à l’enfer fiscal« .C’est un véritable tissu de mensonges :
1) « Non à des hausses d’impôts » : ici, on rappellera que l’initiative concerne environ 1 % des contribuables. Généralisation abusive dans le titre (mais cela est assez habituel…). Démagogie !
2) « L’initiative (..) menace TOUS les contribuables » : Faux ! L’acceptation de l’initiative pourrait entraîner dans certains cantons un débat sur une adaptation des impôts sur les revenus un peu inférieurs à Fr. 250’000.-. Rappelons ici que cela représente plus de 20’000 francs par mois (assez loin des revenus de la majorité de la population). Mensonge !
3) « Aussi en Suisse romande » : Tous les cantons de Suisse romande ont un taux d’impôt marginal sur les sommes supérieures à la barre de Fr. 250’000.- de revenu supérieures au 22 % exigé par l’initiative socialiste. Il n’y aura donc pas de changement pour les contribuables romands. Ici encore, Mensonge !
4) Le graphique : Mais d’où sort ce « 19 % » ? En tous pas de Suisse romande et il ne concerne en tout cas pas TOUS les contribuables. Mensonge !
5) « Toute la courbe doit être revue à la hausse* » : c’est encore une fois faux ! Les 22 % ne s’appliqueront qu’aux sommes supérieures à Fr. 250’000.-. Les premiers 250’000 francs de revenus peuvent donc continuer à être taxés avec des taux inférieurs. La progression reste.
Voici un exemple simple :
à 200’000, impôts = 20’000 (avant et après)
à 250’000, impôts = 25’000 (avant et après)
à 251’000, impôts = 25’220 après (25’100 avant)
à 255’000, impôts = 26’100 après (25’500 avant).
Où est le scandale ? Où est « l’enfer fiscal » ?
6) « *Notre système d’imposition progressive ne permet pas de modifier un échelon sans modifier toute l’échelle d’imposition » : Faux ! Le principe constitutionnel qui doit être respecté, c’est celui de l’imposition selon la capacité contributive qui justifie que les revenus les plus grands soient imposés plus lourdement. Rien n’oblige à modifier l’échelle d’imposition (même à Wollerau, comme les quotidiens neuchâtelois l’ont démontré). Un débat pourrait s’engager ensuite sur des modifications d’échelles, bien sûr, mais cela n’a aucun caractère obligatoire. A nouveau, Mensonge !
Que vaut une démocratie lorsque ceux qui en ont les moyens peuvent à ce point intoxiquer la majorité de la population à coup d’annonces mensongères ? Et il vaut aussi la peine de se demander pourquoi ils tiennent à investir tant d’argent (c’est une vraie inondation !) dans une campagne comme celle-ci. Mon hypothèse, c’est qu’il y a un bon retour sur investissement et que l’argent investi sera récupéré fiscalement lorsque les classes populaires et moyennes auront voté contre leurs intérêts en ayant la chiasse d’une hausse d’impôts.
Démocratie ou ploutocratie ?
Daniel
Dans la presse et les médias, du 8 au 14 novembre 2010
La semaine a été très chargée, alors voici une toute petite sélection hebdomadaire :
Sur « Domaine public », le 13 novembre 2010 : Aménagement du territoire? Disons plutôt dilapidation
L’aménagement du territoire à la sauce suisse est un vaste désordre inabouti, qui permet au passage à certains d’engranger d’intéressants bénéfices. La collectivité doit-elle toujours baster devant les intérêts privés ?
Sur le blog de Michel Santi, le 11 novembre 2010 : Ce que subit l’Irlande est un scandale !
Les marchés dictent et les Etats obéissent. Si les Etats obéissent bien, les marchés dictent encore plus.
Sur la TSR, l’émission Temps présent du 11 novembre 2010 : Grandir avec Jéhovah
Une émission autour des témoins de Jéhovah… autour de gens qui ont grandi au sein du mouvement.
Bonne lecture !
Daniel
Une vidéo de l’humouriste Yann Lambiel parodiant le politicien Oskar Freysinger
http://www.youtube.com/watch?v=ThrZOt3zJ_M
On connaissait les talents d’imitateur et d’humoriste de Yann Lambiel. Mais dans la vidéo que vous pouvez visionner ci-dessous, celui-ci montre un talent d’observateur et d’analyste. En effet, il propose une forme de déconstruction du mode d’argumentation d’Oskar Freysinger que chacun d’entre nous ressent comme étant de mauvaise foi sans pouvoir toutefois en faire la démonstration.
C’est brillant ! Alors, parole à l’humoriste :
Dans un autre registre déconstructeur, je vous propose aussi de consulter ce site qui propose des réponses aux argumentations statistiques fantaisistes de la publication tous ménages de l’UDC. Au fond, c’est complémentaire du sketch de Lambiel : http://www.cequeludcvouscache.ch/c.php
Il est urgent de proposer diverses lectures des pratiques de ce parti qui est devenu la référence de toute l’extrême-droite européenne…
Daniel
P.S. : …quant à moi, je vous propose encore quelques reflets d’une référence historique.
20 minutes du 12 novembre 2010 : « Les ados réclament plus de sexe à l’école »
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Information fracassante dans l’édition du 12 novembre de « 20 minutes » : « les ados réclament plus de sexe à l’école » (c’est le titre qui apparaît sur la première page !). Le fantasme du cours d’éducation sexuelle « pratique » va-t-il bientôt devenir réalité ?
Parce que « les adolescents suisses ont faim de sexe à l’école » (titre de l’article en page 4). Voyez-vous, « faim de sexe« , la salive qui coule de la bouche, l’excitation à son comble, le priapisme total… le délire ! Les adolescents veulent tout simplement « du sexe » à l’école : ça, c’est de l’information !!!
Si vous avez pris peur, rassurez-vous : il s’agit seulement d’une étude menée auprès de 15’000 Européens âgés de 15 à 20 ans. Et ce qui ressort de cette étude, c’est que la majorité de ces adolescents estiment que « l’éducation sexuelle » est insuffisante et que le personnel enseignant n’est pas assez formé pour cette matière. Très raisonnables, ces jeunes, en somme, plus que les journalistes… Et dire que les rédacteurs du quotidien gratuit ont compris qu’ils voulaient organiser des partouzes en classe !!!
L’ignorance et la confusion qui règnent dans les esprits de certains « soi-disant journalistes » sont sans limites !
Daniel
Le Temps du 8 novembre 2010 : La Suisse, si détestée, si incomprise
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Comme tant d’autres lecteurs, j’attends d’un journal dit de référence de pouvoir m’y référer… étonnant, n’est-ce pas ? Il est donc nécessaire que les informations transmises par celui-ci soient aussi fiables que possible et respirent la plus grande honnêteté dans la « recherche de la vérité ».
Le Temps a été épinglé dernièrement pour avoir argumenté contre l’initiative fiscale socialiste en commettant une assez grosse bourde. Mais il se trouve que les invités de la page débats du même journal jouent eux aussi avec les chiffres d’une manière assez contestable. Ce lundi 8 novembre, c’est un éditeur, Henri Weissenberg, qui propose une réflexion sous le titre « La Suisse, si détestée, si incomprise » tendant à montrer que notre pays a pour habitude d’être en décalage avec le reste du continent. Une réflexion pas inintéressante en soi.
Mais, le problème, c’est que l’auteur tient à reprendre une « tarte à la crème » de la comparaison statistique pour démontrer que les Suisses ne sont pas xénophobes : »La population étrangère résident en Suisse constitue 22,9 % de la population totale (…).La population étrangère en France est selon l’Insee 5,8 % du total. On voit immédiatement la différence abyssale dans la situation des deux pays, avec une Suisse qui compte, en pourcentage, quatre fois plus d’étrangers« .
Or, cette comparaison, dont chacun devrait depuis longtemps savoir qu’elle n’est pas raison, est tout à fait navrante et l’ignorance en matière d’interprétation statistique de son auteur absolument « abyssale » elle aussi. Si le mot peut faire illusion à un esprit peu éclairé, la notion d’étranger en France ne correspond pas à la notion d’étranger en Suisse. Les lois sur la nationalité sont très différentes et la comparaison est plutôt difficile. On rappellera notamment qu’un enfant né en France de parents étrangers pourra devenir français à sa majorité (ce droit du sol n’existe pas en Suisse) et que la naturalisation française d’un adulte peut être demandée après 5 ans de résidence (contre 12 ans en Suisse). Chez nous, deux tiers environ des étrangers seraient probablement détenteurs de la nationalité suisse si on appliquait une loi semblable à la France. Venant d’un intellectuel qui occupe une demi-page dans « Le Temps« , cette comparaison digne des prospectus publicitaires de l’UDC est tout simplement inadmissible.
Les lois étant à tel point différentes, les comparaisons basées sur la catégorie « étranger » sont donc très peu pertinentes (au risque de me répéter… comment peut-on encore l’ignorer ?). Il y a pourtant un critère qui permet d’objectiver un peu la question : dénombrer le pourcentage d’habitants né hors des frontières du pays. Manifestement, Henri Weissenberg connaît ce type de statistique puisqu’il insère la parenthèse « (et non pas immigrée) » après mention de la population étrangère en France. Il est donc tout à fait conscient de la chose mais cela ne le retient pas de proposer une comparaison totalement inadéquate.
Par chance, j’ai découvert aujourd’hui dans l’hebdomadaire « Courrier international » les « pourcentages de personnes nées à l’étranger » pour quelques Etats occidentaux en 2008 :
Canada. – 20,2 %
France. – 8,4 %
Espagne. – 14,1 %
Roy-Uni. – 10,8 %
Etats-Unis. – 13,7 %
Sont indiqués encore les chiffres de l’Allemagne en 2003 (12,9 %) et de l’Italie en 2000 (2,5 %). Je me suis donc avisé de calculer la proportion en Suisse à l’aide des chiffres de l’OFS et j’ai obtenu le ratio de 16,7 %. C’est plus que les autres pays, à part le Canada, mais ce n’est pas quatre fois plus que la France. Il faudrait naturellement intégrer aussi au calcul les Suisses nés à l’étranger (chiffres dont je ne dispose pas), mais cela ne bouleverserait pas de fond en comble la comparaison. Si je compare encore avec l’Allemagne, en prenant les chiffres suisses de 2003, j’obtiens une proportion de 15,3 % d’habitants de la Suisse nés à l’étranger. On est très très loin de l’abysse !
Si le pourcentage d’étrangers en Suisse est si élevé en comparaison internationale, c’est que nous l’avons souhaité ainsi, en plébiscitant des lois particulièrement strictes sur la nationalité. Avec le développement de l’Union européenne (dont provient une grande partie de nos « étrangers« ), nombreux sont également ceux qui ont tout simplement renoncé à entreprendre le parcours d’obstacles de la naturalisation. Nombreux sont donc les gens nés en Suisse, parfaitement intégrés et parlant avec les accents de nos terroirs et qui continuent à être « étrangers« . Mais qu’on s’appuie là-dessus pour montrer qu’il y aurait quatre fois plus d’étrangers en Suisse tient de la farce statistique.
Daniel
P.S. : Weissenberg dans la version papier du quotidien, Weissenbach sur le site internet. Je penche pour la montagne…
Le Temps du 13 octobre 2010 : Une foudroyante attaque contre le principal atout de la Suisse
Un journal de référence, cela sert pour s’y référer et on aimerait pouvoir compter sur sa fiabilité. On aimerait aussi pouvoir compter sur de rapides rectifications aussitôt une éventuelle erreur débusquée, y compris si elle fait un peu mal par là où le journal souhaitait tenir le rôle de journal d’opinion. Manifestement, la contrition a coûté à la rédaction du Temps.
Le cas relaté par le lecteur du « Temps » qui signe le texte ci-dessous mérite donc d’être bien mis en évidence à plusieurs reprises, et de manière plus visible que le discret correctif publié par le quotidien. Dont acte.
Daniel
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Communiqué de presse:
Initiative « impôts équitables »: Le « Temps » admet enfin son erreur.
L’initiative « pour des impôts équitables », que le peuple vote le 28 novembre, obligerait tous les cantons à imposer à 22% minimum les tranches de revenu au dessus de 250 000.-. Cette augmentation ne concernerait à peu de chose près que les cantons qui pratiquent la sous-enchère fiscale pour « piquer » les contribuables aisés des autres cantons. En outre, il faudrait qu’une personne gagne bien plus que 250 000.- pour vraiment sentir les effets de l’initiative. Par exemple, dans un canton à très basse fiscalité, une personne gagnant 300 000.- pourrait se voir taxer à 10% pour les 250 000 premiers francs et à 22% sur les 50 000 francs suivants. Elle ne payerait donc, en définitive, qu’un modeste taux moyen de 12%, impôt communal compris.
Pourtant le Temps du 13 oct. a considérablement exagéré la portée de l’initiative, affirmant qu’un revenu de 250 000 francs serait imposé à 22%. Tout le monde a le droit de se tromper; en l’occurrence, notre « quotidien romand de référence » en a fait un usage particulièrement abondant. J’ai dû envoyer pas moins de quatre courriels, en menaçant à deux reprises de dénoncer le cas au Conseil de la Presse, pour obtenir la publication du rectificatif ci-dessous, paru le 9 novembre:
« L’analyse de l’initiative fiscale comportait une erreur. Il était faux de dire que le taux d’imposition à Wollerau passerait à 22% pour des revenus de 250 000 francs. Selon l’initiative, le taux de 22% concerne chaque franc supérieur à 250’000.- »
Rappelons que le Temps a pris parti très vigoureusement contre l’initiative, dans au moins deux articles. Compte tenu de ce qui précède, on peut se demander si cette prise de position est vraiment réfléchie. Rappelons aussi que l’erreur du Temps avait déjà été commise dans l’Impartial, l’Express et la Liberté, qui avaient été induits en erreur par le professeur d’université fribourgeois Bernard Dafflon, pourtant spécialiste de la fiscalité. Tout comme le Temps, ces journaux ont depuis admis qu’ils s’étaient trompés.
Il n’est pas anodin que la presse romande ait diffusée une information erronée sur un sujet passant en votation. Cette erreur a pu amener certains votants à exagérer la portée de l’initiative socialiste et à croire que leurs impôts risquaient d’augmenter alors que ce n’était pas le cas. J’appelle donc tous les lecteurs de la présente à faire en sorte que la population soit informée correctement et puisse voter en connaissance de cause.
Christophe Schouwey
Relayé aussi ici :
Domaine public – Initiative «impôts équitables» : «Le Temps» admet enfin son erreur
La Méduse – Initiative «impôts équitables» : «Le Temps» admet enfin son erreur
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