24 heures du 28 août 2008 :«Mais oui, les femmes ont leur place à l’UDC»
http://archives.24heures.ch/VQ/LA_COTE/-/article-2008-08-2218/communication
Action de communication du côté de l’UDC vaudoise : un groupe de jeunes femmes vient « se montrer » avec « leurs frais minois comme arme de persuasion« , selon les termes de l’article du 24 heures. Le journal vaudois, quant à lui, se prête de relative bonne grâce à l’opération en leur octroyant presque une demi-page, accompagnée toutefois d’un léger brin d’ironie… Difficile de ne pas réagir !
En titre, « Mais oui, les femmes ont leur place à l’UDC » et pour tenter de nous convaincre que la réputation sexiste du parti n’est qu’un stéréotype, un « si c’était vrai, nous n’y serions pas« . Je suis presque admiratif face à tant de candeur… Et cette joyeuse équipe d’égrener des propositions comme faciliter le travail des femmes, avoir des crèches à horaires flexibles, des cantines scolaires, la journée continue ou des leçons surveillées. Assurément, elles n’ont pas lu le programme de l’UDC, ni le national, ni le cantonal, ni écouté attentivement les caciques du parti…
Cette opération de communication tente de véhiculer un message simple : « non, l’UDC n’est pas un parti plus masculin et misogyne que les autres ». Et pourtant, il suffit de se pencher sur quels faits particulièrement éloquents :
- Lors des élections au conseil national 2007, l’UDC suisse a présenté 322 hommes et 82 femmes (256/236 chez les Verts, 208/194 au PS 231/128 au PDC, 312/120 au PRD).
- Les élus au conseil national d’octobre 2007 de l’UDC sont 54 hommes et 8 femmes (10/10 chez les Verts, 25/18 au PS, 19/12 au PDC, 25/6 au PRD).
- Au conseil des Etats, l’UDC a 7 représentants, tous des hommes !
- Dans les parlements cantonaux, l’UDC compte 497 députés et 71 députées (104/100 chez les Verts, 297/238 au PS, 441/117 au PDC, 425/125 au PRD).
- Les responsables nationaux du parti sont presque tous masculins : une seule femme parmi les 6 vice-présidents de Toni Brunner.
- La liste du comité directeur national du parti compte 6 femmes sur ses 28 membres.
- La députation UDC au grand conseil vaudois compte 2 femmes et 24 hommes.
- Le comité directeur de l’UDC-Vaud compte 4 femmes et 18 hommes.
Bon, je m’arrête là, c’est cruel ! Mais il ne faut pas tenter de faire accroire que l’UDC laisse une réelle place aux femmes. D’abord, il faut lire le programme du parti et lire les propositions les concernant. Ensuite, il faut écouter les déclarations de ses leaders (les femmes aux fourneaux – même si une des jeunes femmes dit que Ueli Maurer estime avoir été mal compris, ce qui est tout de même un peu facile après l’avoir dit plusieurs fois). Finalement, il faut prendre en compte sérieusement les chiffres qui précèdent et constater la plus crasse évidence : les femmes comptent pour beurre à l’UDC !
Alors, bien sûr, il est de bonne guerre que le parti, après avoir « assassiné symboliquement sa conseillère fédérale élue » essaie une fois encore de bluffer son monde, mais on peut s’étonner que « 24 heures » joue si facilement le jeu. D’un autre côté, on reconnaîtra que le rédacteur de l’article ne s’en laisse pas vraiment compter : citer les 4 jeunes femmes disant « …quand on voit ce qui se passe ailleurs dans le monde » (ça aussi, c’est cruel !) ou glisser une petite phrase assassine en fin d’article… Il n’en reste pas moins que des lecteurs du quotidien prendront tout cela au premier degré, en toute ignorance des faits. On peut aussi regretter la mise à disposition de tant d’espace pour une propagande à l’apparence gentillette mais au service d’un parti d’extrême-droite aux relents particulièrement réactionnaires lorsqu’il s’agit de la condition féminine.
L’opération Pom-pom girls a parfaitement réussi…
Dani
Chiffres sur les élus et élues de l’OFS : http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/17/02/blank/dos/02.Document.110777.pdf