Quotidien gratuit « 20 minutes », site RSR.ch et site de la TSR – 14 août 2008 : Les Blancs minoritaires aux USA à l’horizon 2042
http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=200001&sid=9523128&wysistatpr=ads_rss_texte
L’article surprend le lecteur de bon matin : « Les Blancs seront minoritaires aux USA à l’horizon 2042″. On le trouve en page 9 du « 20 minutes », où il est signalé en tant que dépêche de l’Agence France Presse (AFP), mais aussi sur les sites internet de la radio et de la télévision. « Copier-coller » fidèles !
.
A l’origine, l’information est issue de la publication d’une étude américaine de l’Office du recensement fédéral (Census Bureau) qui apparaît tout à fait abruptement dans nos médias, alors que les américains sont eux beaucoup plus habitués à ce type de recherches. D’ailleurs, des études antérieures leur prévoyaient déjà le même scénario pour 2050. En Europe, la question ne se pose pas dans les mêmes termes, puisque les Etats ne tiennent généralement pas de statistiques dites « raciales ».
Il est pourtant difficile de passer par dessus un tel article sans réagir. Il nous est tranquillement dit que 65 % de la population du pays sera « de race blanche » en 2010, mais que cette proportion va se réduire dès 2030 et que les « minorités raciales » constitueront 54 % de la population en 2042. Il faut remarquer ici l’extraordinaire capacité d’adaptation de nos médias. En effet, cela fait des années que les scientifiques se succèdent à la télévision et dans les journaux pour expliquer que les races n’existent pas* chez l’être humain. Tous les médias ont fidèlement reproduit tous ces propos de spécialistes, mais aujourd’hui, cela ne leur pose aucun problème de communiquer des résultats en terme de statistiques raciales et d’évoquer la « race blanche » ou les « minorités raciales ». Ont-ils au moins remarqué qu’il y a contradiction ?
Au surplus, il faut encore signaler que les « populations hispaniques » sont classées ici avec les « minorités raciales ». Or, si l’on excepte la part d’entre eux qui ont des origines amerindiennes, la grande majorité des hispaniques est à peu près impossible à distinguer des espagnols ou des portugais d’Europe. La définition de la soi-disant « race blanche » se cantonne apparemment à une partie seulement des « blancs ». Evoquant le même sujet, le quotidien français « Le Monde » a lui bien saisi qu’il s’agit ici de ceux que l’on nomme les W.A.S.P (White anglo-saxon protestant) !
On se trouve ici face à un classement de populations selon des critères raciaux sur un mode tout à fait étranger à la culture de notre pays (et de notre continent). D’ailleurs, aucune statistique officielle en Suisse (ou en France par exemple) ne permet de déterminer combien de personnes ont la peau « noire ». Il est possible de savoir combien de personnes sont ou ne sont pas détentrices d’un passeport suisse ou d’un permis de travail particulier, mais on ne recense pas la pigmentation des peaux humaines.
Je pense qu’il est donc permis de s’étonner (au minimum !) que nos médias glissent ainsi parmi leurs actualités ce genre de propos. On pourrait attendre d’eux un minimum de commentaires, d’explications, voire de regard critique, notamment après les excès de la dernière campagne d’élections fédérales. Ou alors, il faut semble-t-il admettre qu’on est en train d’habituer les lecteurs au retour de théories qu’on croyait presque disparues…
Dani
Statistiques publiées par le « Census bureau » : http://www.census.gov/population/www/projections/summarytables.html
* On dit que « les races n’existent pas » notamment car il y a une forme de continuité dans les caractéristiques physiques des êtres humains. Entre une peau très noire et une peau très blanche, on trouve des individus proposant un dégradé à peu près complet sans rupture nette. D’autre part, on doit aussi rappeler qu’un noir au groupe sanguin 0 pourra sauver la vie d’un blanc du même groupe suite à un accident alors qu’un autre blanc au groupe B ne le pourra pas. Bref, les caractéristiques dites « raciales » ne représentent qu’une part infime des caractéristiques génétiques des humains, même si ce sont parmi les plus « voyantes ». Par contre, on parle de races de chiens : ici, il s’agit de créations humaines, à partir du loup, en opérant des croisement et des sélections volontairement. Heureusement, on n’a jamais fait cela jusqu’à présent avec des humains…