L’hebdo du 31 juillet 2008 : L’absurde boycott de Tamoil
(L’article n’est pas en ligne, mais à la page 17 de l’hebdomadaire)
Face à l’attitude des autorités lybiennes, on peut être favorable ou non à des mesures de boycott (collectives ou individuelles) : c’est un débat ouvert, comme pour les pommes de Nouvelle-Zélande ou les haricots du Kenya (qui polluent sur des kilomètres avant d’arriver dans nos supermarchés) ou le tourisme dans des pays se fichant complètement des droits de l’homme. Chacun se positionne personnellement en vertu de motifs éthiques, moraux ou politiques.
L’hebdo, pourtant, réagit à des appels au boycott (surtout sur internet) à l’encontre des stations Tamoil, société qui appartient à l’Etat lybien. Le magazine rapporte les attitudes d’automobilistes apprenant la chose à l’occasion d’une enquête du Blick et jurant qu’ils ne reviendront plus, ainsi que les consignes de non-réponse aux journalistes communiquées aux gérants des stations. Et il conclut par : « Reste que le boycott est absurde ».
Pourquoi absurde ? Inopportun, pourquoi pas, au vu des échanges importants entre les deux pays, mais absurde. L’argument de la rédactrice de l’article (Julie Zaugg) est que les stations s’approvisionnent en essence auprès des raffineries les plus proches et donc que l’ensemble des stations de la région de Collombey (proches de la raffinerie Tamoil et de l’arrivée de l’oléoduc) servent du pétrole lybien, alors que les stations Tamoil d’autres cantons s’approvisionnent probablement en pétrole autre que le lybien.
Si on suit ce raisonnement, on doit accepter que le seul objectif des boycotteurs est de ne pas consommer (matériellement) de pétrole produit sur sol lybien. Or, rien n’empêche de penser que ceux-ci s’en prennent avant tout aux stations du groupe Tamoil. Si ces stations, et pas les autres, subissaient une chute des ventes, nul doute que l’objectif des appels au boycott serait atteint, puisque ce genre de démarche a généralement surtout une portée symbolique. Cela rappelle le cas du boycott de Shell il y a quelques années en rapport avec la gestion d’une plateforme pétrolière. Je ne vois vraiment rien d’absurde là-dedans. Reste donc la discussion sur l’opportunité du boycott, mais cela ne mérite pas d’anathème…
Gageons que l’argument a été soufflé à la journaliste par un porte-parole du groupe Tamoil.
Dani