Piques et répliques – 2

Quelques réflexions critiques sur tout et rien

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Archive pour juillet, 2008


Annonce pleine page de l’UDC : excessif et dérisoire.

15 juillet, 2008
Propagande | Commentaires fermés

Relevée dans « 24 heures » du 9 juillet 2008 : Ils s’agenouillent devant l’UE et trompent le peuple

Eh oui, encore l’UDC… Presque inévitable tant sa propagande est trompeuse et envahissante. Cela faisait d’ailleurs quelques temps que nous n’avions plus eu droit à des pages entières dans nos quotidiens (combien ça coûte, au fait ?). A l’occasion des discussions sur l’éventualité d’un référendum contre la prolongation de la libre-circulation et son extension à la Bulgarie et la Roumanie, voici donc le grand retour des grands mots !

Tout d’abord, une hache au métal gravé de 12 étoiles et du sigle « UE » et au manche gravé de PS, PDC et PRD (voici pour les coupables désignés) qui brise une urne suisse. Le tout accompagné de paroles fortes : « Ils s’agenouillent devant l’UE et trompent le peuple » et « Acceptons-nous qu’on taille dans notre démocratie ? ». Nous y sommes habitués, ou presque. Mais de quoi s’agit-il, au fond ? L’UDC accuse les autres partis (alors que ce n’était en réalité pas la position de la majorité des radicaux, par exemple) d’avoir concocté un « paquet » avec deux décisions distinctes : la prolongation de la libre-circulation ET son extension à deux nouveaux Etats. Les adversaires de l’UDC semble en effet avoir trouvé une faille dans le bloc qui a finit par suffisamment diviser le parti nationaliste et le pousser à renoncer à lancer et/ou soutenir un référendum contre ces deux décisions. Bien joué : l’UDC perd ici une partie de son pouvoir de nuisance, du moins provisoirement.

Or, les politiques se sont divisés sur cette question : fallait-il réunir ou au contraire séparer ces deux décisions. Je ne vais pas revenir sur le débat, mais je remarque que des spécialistes du débat européen et des politologues, ainsi que des juristes non partisans, ont insisté sur le fait que les deux options étaient tout à fait acceptables juridiquement et démocratiquement. A partir de là, c’est devenu une question purement politique : l’UDC a joué, l’UDC a perdu.

Mais ça la fait enrager, car tel est pris qui croyait prendre. En effet, l’UDC se réjouissait de pouvoir semer la confusion entre l’extension de la libre-circulation et la venue de mendiants Roms. Et c’est de la manipulation pure : la libre-circulation concernera par exemple une infirmière roumaine (de la minorité Rom ou pas d’ailleurs…) qui signera un contrat avec le CHUV de Lausanne et pas du tout les mendiants qui franchissent les frontières sans autorisation ni contrat de travail. La situation de ces derniers est au besoin réglée par les accords de Schengen, mais il n’en sera pas question lors de l’éventuelle votation. L’UDC mettait beaucoup d’espoir dans cette extraordinaire confusion qu’elle aurait pu étaler sur d’immenses affiches (avec la complicité des éditoriaux du Matin : http://pikereplik.unblog.fr/2008/05/31/libre-circulation-rothenbuhler-le-matin-seme-la-confusion/). Raté, le manipulateur s’est fait manipuler : « l’aile économique » de l’UDC a bien trop besoin des accords bilatéraux !

Revenons à la page de l’UDC. Que peut-on y lire ? Petite étude de texte : antidémocratique et perfide, viole grossièrement la Constitution, projet fallacieux, farce indigne, faux-semblant, pantalonnade, agissements antidémocratiques, miner la démocratie directe, fossoyeurs de la démocratie directe, paquet antidémocratique, jeu méprisable… Je vous passe le reste du texte, vous avez compris ! La colère est mauvaise conseillère : depuis que Christoph Blocher n’a pas été réélu et que le parti est « parti dans l’opposition », il est pris à son propre piège de radicalisation. Auparavant, il jouait sur deux tableaux : la respectabilité d’une part, au conseil fédéral et grâce aux agrariens restés au parti et l’outrage extrémiste d’autre part, à coup d’affiches et d’annonces excessives. Il ne reste bientôt plus que le deuxième tableau….

Or, tout ce qui est excessif est dérisoire…

Dani

PS : A suivre, certainement…

Qui doit contrôler la télé ?

14 juillet, 2008
Télévision | 2 réponses »

Swissinfo, le 11 juillet 2008 -Pour plus de concurrence dans les médias

http://www.swissinfo.ch/fre/a_la_une/Pour_plus_de_concurrence_dans_les_medias.html?siteSect=109&sid=9321925&cKey=1215777475000&ty=nd

Edicom, le 11 juillet 2008 – La droite alémanique en guerre contre les privilèges de la SSR

http://www.edicom.ch/fr/news/suisse/la-droite-alemanique-en-guerre-contre-les-privileges-de-la-ssr_1189-5561763

C’est une dépêche de l’ATS qui est ainsi proposée par ces deux médias électroniques : un appel à plus de concurrence dans les médias. Alors, on se dit : chic, plus de diversité dans notre information, quelle bonne nouvelle ! On va vite déchanter…

Cet appel émane d’un groupe qui prend pour nom « Action pour la liberté de la presse », mais qui semble s’intéresser avant tout aux médias audiovisuels que sont la radio et la télévision. Peut-être serait-il opportun de leur rappeler l’étymologie du mot « Presse » afin qu’ils ne perdent pas de vue qu’il s’agit avant tout des documents imprimés, donc des journaux et des magazines ? Manifestement, ils n’en ont cure…

Quelles sont les propositions du groupe, issu des partis bourgeois alémaniques :

- Réduire les moyens de la télévision publique : renoncer aux radios Swiss Jazz ou Swiss classique, ainsi qu’à la deuxième chaîne de la télévision suisse italienne.

- Autoriser les télévisions privées à émettre au niveau national (renoncer au cantonnement à des régions de desserte définies par l’Etat).

- Lever les restrictions imposées dans la publicité, notamment en faveur du tabac et de l’alcool.

- Ne pas prélever la redevance sur la télévision par internet.

(L’ensemble de ces mesures est un peu plus amplement décrit et expliqué par Le Courrier du 12 juillet en page 6 et en éditorial : http://www.lecourrier.ch/index.php?name=News&file=article&sid=440041 ).

L’idée n’est pas de discuter ici une à une chacune des propositions, mais bien de se demander s’il s’agit réellement d’un combat en faveur de la « liberté des médias ». Or, il se trouve que c’est une resucée d’une idée reçue déjà bien ancienne : l’Etat serait plus liberticide que les privés. Rien n’est plus faux, en particulier lorsqu’il s’agit des médias…

Les télévisions publiques (des pays voisins nous en ont apporté une démonstration éclatante) peuvent facilement passer aux mains d’intérêts privés puissants. TF1 pourrait-elle dénoncer un scandale dans la construction des autoroutes ? Jamais. Quant aux publicités en faveur de l’alcool et du tabac, voici la meilleure solution pour donner voix au chapitre aux vendeurs de ces produits et pour faire disparaître toute attitude critique des grands médias à leur égard. La ficelle est trop grosse, messieurs les bourgeois alémaniques. J’insiste sur ces derniers termes, car leurs propositions portent également en germe de mauvaises nouvelles pour les téléspectateurs romands et tessinois, si coûteux…

Non, décidément, une rapide comparaison des télévisions de plusieurs pays montre que l’indépendance d’esprit n’est pas spécialement du côté des télévisions privées (pensez à Berlusconi !). Est-elle pour autant du côté de l’Etat ? Pas forcément non plus, bien que le système démocratique suisse est fait de pluralisme et qu’un seul parti n’aura jamais la haute main sur les médias publics comme en France. La TSR a dans certains milieux de droite la réputation d’être à gauche, et moi je la trouve simplement centriste. Bien sûr, si quelqu’un est très à droite (à l’UDC, par exemple), il risque bien de voir la TSR à gauche… mais ce n’est pas vraiment probant pour autant.

On pourrait aussi pousser la réflexion un peu plus loin. Pourquoi vouloir toujours opposer une alternative fermée entre privé et public uniquement, alors qu’il existerait une troisième solution à prendre en compte ? Des médias organisés sous forme d’associations ou de coopératives, auxquelles chacun pourrait adhérer, et financés par des moyens publics octroyés sur la base de la loi (donc non-manipulables trop facilement par des intérêts particuliers). Et rien n’interdirait dans ce contexte un certain pluralisme, une concurrence, une émulation… Utopique ? Dommage, car ce serait vraiment un plus en matière de libertés. Peut-être que trop d’intérêts s’y opposent déjà…

Dani

Commentaires sur le site du Matin : enfin une réaction !

13 juillet, 2008
Divers | 20 réponses »

Site du « Matin online » – 12 juillet 2008

Il y a un mois, le 13 juin, je m’étais lancé dans un billet qui étudiait les commentaires postés par certains lecteurs du Matin en-dessous des articles en ligne du journal : http://pikereplik.unblog.fr/2008/06/13/site-du-matin-supprimez-les-commentaires/. Je proposais que le journal supprime certains commentaire, tout particulièrement ceux que j’avais remarqués à la suite de l’article « Les Roms mendient dans les trains« . Des commentaires proposaient ouvertement à la police de frapper ces gens et à d’autres de mettre le feu à leurs campements, comme cela avait été le cas en Italie. D’autres comparaient les Roms à des cafards… Des choses inacceptables.

Un de lecteurs de ce blog (voir les commentaires du premier article) avait envoyé mon billet à la rédaction du site, sans que cela ne provoque aucune réaction. Un mois après, je me suis demandé ce qu’il fallait faire pour enfin faire bouger les choses. Hier, j’ai donc écrit un nouveau commentaire (le 283ème) sur le site du Matin, suite à l’article sur les Roms, et j’ai tranquillement attendu qu’il soit « modéré » puis éventuellement « inséré ». Je disais que cet article était suivi depuis des semaines d’appels à la violence, que la rédaction le savait et qu’elle n’avait toujours rien fait. En outre, je demandais s’il fallait une « plainte pénale » pour qu’enfin on observe une réaction.

Eh bien, la réaction est venue : elle est amusante ! Voyez plutôt :

- L’article sur les Roms n’apparaît plus parmi les 5 articles les plus commentés sur la page d’accueil du Matin, malgré ses 282 commentaires. Les 4e et 5e place sont occupées par des articles ayant reçu 241 et 230 commentaires…

- Mais on peut tout de même retrouver l’article : ici. Et, surprise : juste après le titre et le nom du rédacteur, on peut lire : 0 commentaire.

- Mais, re-surprise : si on déroule la page jusqu’en bas, on peut voir tous les commentaires comme avant. Ceux qui appellent à la violence sont toujours là ! Le seul commentaire qui manque, c’est le mien !

Un peu décevant, donc. La rédaction en ligne du Matin découvre l’art du camouflage, mais elle a manifestement encore des progrès à faire. De qui se moque-t-on ? Soit ces commentaires sont scandaleux (c’est mon avis) et on les supprime, soit ils sont corrects et on ne joue pas à cache-cache.

Qui s’occupe de ce genre de tâche au Matin ou chez Edipresse ? A qui faut-il s’adresser pour enfin obtenir une réaction. Faut-il vraiment que quelqu’un s’engage dans une plainte pénale ou faut-il qu’un concurrent en fasse un gros titre ? Je finis vraiment par me demander si le Matin ne s’accommode pas un peu trop facilement de cette banalisation du racisme le plus primaire…

Dani

Encore, toujours parler de l’UDC…

12 juillet, 2008
Scène médiatique | 3 réponses »

24 heures du 12 juillet 2008 – « UDC, cap sur les prochaines élections » (p.21) et « Les sections «jeunes», aiguillons des partis » (p.6)

http://www.24heures.ch/pages/home/24_heures/l_actu/suisse/suisse_detail/(contenu)/244246

 

Les médias helvétiques n’en finissent plus de parler de l’UDC : rarement parti politique aura eu droit à une telle couverture médiatique. Depuis l’été passé et sa gigantesque (et fort coûteuse) campagne d’affichage de moutons et du candidat berger, les journaux nous ont abreuvés des faits et gestes, fussent-ils insignifiants parfois, des acteurs du parti politique « du fond à droite ». Les péripéties autour du documentaire sur l’éviction de Blocher du conseil fédéral à l’exclusion de la section grisonne et des diverses dissidences qu’elle a entraînées, les tergiversations de Samuel Schmid, les défaites par ci et les victoires cantonales par là, les hésitations et faiblesses du nouveau président national, les changements de positions vis-à-vis de l’éventualité d’un référendum contre l’extension des accords bilatéraux, et tant d’autres choses encore. Bref, l’UDC est le parti le plus cité dans la presse suisse… et de loin !

Aujourd’hui, par exemple, 24 heures arrive même à donner de l’espace journalistique à l’UDC en l’absence de tout événement significatif. Ainsi, à l’occasion d’un article sur les sections « jeunes » des partis politiques, elle offre une grande photo au président des jeunes UDC romands. En principe, l’article est consacrée aux jeunesses en général, mais Yvan Perrin (plus si jeune pourtant…) obtient également droit de cité aux côtés des jeunes et du politologue. Le sigle UDC apparaît six fois, contre deux fois au PS et une fois au PRD. Symptomatique !

Plus loin dans le journal, en page 21, un article se préoccupe de l’UDC qui met le cap sur les prochaines élections, alors qu’il s’agit de scrutins qui ne commenceront qu’en 2011 ! Les présidents cantonaux et lausannois ont présenté leurs objectifs pour les élections municipales, cantonales et fédérales et il est normal que la presse le signale. Mais les autres partis n’auraient probablement eu droit qu’à une brève là où l’UDC reçoit tout une colonne… Et 24 heures n’est même pas le journal qui se consacre le plus au parti de l’ultra-droite : « Le Matin » apparaît presque parfois comme un organe de propagande au service du parti de Blocher.

Que ce parti « fasse l’actualité », provoque sciemment des situations qui attireront les médias, plus personne n’en doute : il fonctionne sur la base d’un marketing systématique et permanent. Mais les médias participent consciemment à la manoeuvre, notamment en espérant surfer sur la vague orchestrée par ce parti et en bénéficier en termes de ventes. Il y a comme un accord tacite entre les caciques de l’UDC et une bonne partie des médias, qui profite aux deux.

Est-ce que le fait de parler souvent de l’UDC bénéficie véritablement à ce parti d’un point de vue électoral ? Difficile à mesurer objectivement. Et pourtant, il existe des éléments de réponse sérieux. En particulier, un petit livre que j’ai déjà cité « 150 petites expériences de psychologie des médias » (de Sébastien Bohler), qui propose quelques pistes. Dans ses conclusions apparaissent clairement deux faits :

1) Un politicien plus souvent présent dans les médias gagne en popularité. Le fait de le voir plus souvent le rend plus familier. Ce n’est pas rationnel, mais c’est humain.

2) Il existe une tendance humaine à ce conformer au courant majoritaire. Le fait que les journaux donnent de l’importance à un parti, ou à un personnage conforte le lecteur dans la considération de l’importance et de la valeur de ceux-ci.

Ces phénomènes sont connus des patrons de presse. Des recherches ont notamment montré l’an passé à l’occasion de l’élection présidentielle française que le classement des candidats les plus cités dans la presse correspondait au classement final du premier tour de l’élection. Nul doute que la fréquence d’apparition des politiciens et des partis influe donc bien sur les résultats.

Mais cela fonctionne probablement comme une bulle spéculative boursière. Ce petit jeu à la hausse des citations et des résultats ne peut pas être sans fin, et tôt ou tard la « bulle médiatique » explose aussi. Heureusement pour nous, car ce genre de domination concertée pourrait devenir dangereux pour la démocratie… Attendons octobre 2011 pour faire les comptes…

Mais, en attendant, les médias ont véritablement fait le beurre de l’UDC ces dernières années. Etant donné la perte de crédit et de cohérence (sans parler de cohésion) depuis quelques mois, ne pourraient-ils pas changer de disque et passer à quelqu’un d’autre ?

Dani

P.S. : et pas uniquement les politiciens qui boivent trop, qui crient à la fenêtre ou qui sniffent de la cocaïne à poil !

Les pédagogues de la semaine – 4 (7 au 12 juillet 2008)

12 juillet, 2008
Divers | 1 réponse »

Dans les médias, entre le 7 et le 12 juillet 2008

Les liens de la semaine :
La Radio suisse romande qui donnent la parole à plusieurs reprises à Sébastien Bohler, auteur de 150 petites expériences de psychologie des média.

http://www.rsr.ch/la-1ere/medialogues

 

Un blog, ZebraBlog, qui se penche sur les « Crop circles »

En français, on pourrait dire Agroglyphe ou Cercle de récolte. L’article nous fait découvrir un documentaire de la télévision suisse alémanique qui relate la création intentionnelle d’un cercle par des étudiants, et les réactions.

http://zebrablog.net/sugus/index.php/2008/07/07/963-un-crop-circle-pres-de-kirchberg-be

Aujourd’hui, le documentaire Das geheimnis in Kornfeld n’est pas accessible sur le site de la télé alémanique : encore un coup des extraterrestres !

 

Une liste de critères pour s’assurer qu’un système de votation répond bien aux exigences formelles de la démocratie : un élément de discussion dans les discussions sur le vote électronique : Les critères minimaux à remplir pour un mode de votation démocratique actuel.

http://www.kroepfli.ch/xVote/20080705_2125.html

A priori, je ne suis vraiment pas convaincu par toutes ces velléités d’informatiser les votations… mais au moins certains réfléchissent un peu plus que les ultras.

L’hebdo du 10 juillet 2008 – Roms. Une bombe ethnique qui menace l’Europe

Un bon dossier qui casse les idées reçues et haineuses :

http://www.hebdo.ch/Edition/2008-28/Mieux_Comprendre/societe/roms_une_bombe_ethnique_qui_menace.htm
Pour le dossier complet, il faut se référer au magazine imprimé.

Dani

Le retour de la crème solaire (qui rend con…)

11 juillet, 2008
Divers | Commentaires fermés

20 minutes du 11 juillet 2008 – Crème solaire pas si nocive

http://www.20min.ch/ro/rechercher/story/24226505

Je m’étais déjà penché sur le « 20 minutes » à l’occasion d’un article précédent (il y a environ 2 semaines : http://pikereplik.unblog.fr/2008/06/30/la-creme-solaire-qui-rend-con/) afin de stigmatiser cette tendance qu’a une partie de la presse à faire de la « vulgarisation vraiment vulgaire », c’est-à-dire à vouloir tellement simplifier l’information scientifique qu’elle en tombe dans le plus regrettable simplisme. Dans cet article, 20 minutes affirmait tout simplement que “La crème solaire nuit à la croissance du cerveau“.

Il était aussi dit qu’elle perturbait la croissance des organes génitaux. Peut-être est-ce d’ailleurs cette partie de l’information qui a suscité tant de réactions. A tel point que la Ligue suisse contre le cancer s’est sentie obligée d’intervenir pour rappeler que la protection contre le soleil restait indispensable et que la crème restait la meilleure solution actuelle : http://www.swisscancer.ch/fileadmin/swisscancer/uber_uns/files/presse_neu/Medien_080709_F.pdf

Si la Ligue suisse s’est ainsi fendue d’un communiqué de presse « pour les médias », c’est bien qu’elle a dû faire face à un certain nombre de réactions de lecteurs perturbés par les informations des chiffons gratuits. Bravo pour la vulgarisation : faire d’éléments de recherche, indiquant qu’il faudrait poursuivre les études dans une certaine direction, un épouvantail à lecteurs est une magnifique démonstration des effets de la mal-information des journaux gratuits. Comme le dit la Ligue : « De nombreuses consommatrices et de nombreux consommateurs ne savent plus ce qui leur nuit le plus ».

Suis-je trop dur, étant donné que « 20 minutes » lui-même revient aujourd’hui sur la question en titrant « crème solaire pas si nocive » ? Certainement non, parce que ce nouvel article est glissé en bas de page (contrairement au premier qui était tout en haut avec un grand titre) et surtout parce qu’il n’est nulle part fait mention du premier article. Celui-ci laisse entendre que « la recherche » aurait semé le doute dans les esprits, alors que c’est le journal gratuit lui-même qui a trahi l’esprit des conclusions scientifiques. Cette façon de faire est extrêmement révélatrice de l’attitude de ces soi-disant journalistes.

L’honnêteté exigerait au moins qu’ils signalent que ce nouvel article infirme celui du 26 juin…

Dani

Manipulés par les oxymores

9 juillet, 2008
Des mots ! | 1 réponse »

Dans les médias en général

L’usage des mots révèle souvent beaucoup sur les messages que l’émetteur souhaite faire passer. Ils sont rarement complètement innocents, même si leur utilisation est parfois inconsciente. Il vaut donc la peine de s’attarder sur certaines modes actuelles et de s’interroger. J’avais déjà il y a quelques temps soulevé le cas des euphémismes ( http://pikereplik.unblog.fr/2008/05/18/les-euphemismes-du-politiquement-correct/ ) et je me propose aujourd’hui de jeter un coup d’oeil sur une autre figure de style : l’oxymore.

L’oxymore (ou oxymoron) est une figure de style consistant à associer deux mots ou locutions qui possèdent des sens contradictoires. Cela permet de jouer sur les finesses et les nuances et convient particulièrement bien à la poésie. D’ailleurs, certains exemples littéraires sont souvent cités : une obscure clarté (Corneille) , se hâter avec lenteur (La Fontaine), un jeune vieillard (Molière), un silence assourdissant (Camus), une sublime horreur (Balzac), et bien d’autres… Or, si l’usage fait par la littérature de cette figure de style a pour but d’exprimer l’inexprimable, d’apporter un surplus de subtilité à l’expression, d’autres font un emploi très différent de cet outil linguistique.

En effet, les politiques, les publicitaires et les médias se sont emparés de cette merveille de subtilité pour en faire un usage beaucoup plus dirigé : faire prendre des vessies pour des lanternes. Nommer les choses peut parfois contribuer à induire en erreur le destinataire d’un message. Bien sûr, il serait difficile de manipuler quelqu’un uniquement à coup de figures littéraires, mais un certain usage des mots permettra par contre de conforter une vision des choses également véhiculée par une sélection de l’information à transmettre, un choix ciblé d’images et une présentation adéquate. L’exemple le plus frappant à mon avis est la fameuse « guerre propre » à coups de « frappe chirurgicales » (deux oxymores) contre l’Irak en 1991. Les médias nous avaient alors présenté un ensemble bien ficelé d’images dûment sélectionnées, d’explications par des spécialistes sur les techniques ultra-modernes permettant d’atteindre un objectif précis sans bavures, le tout enrobé dans des formules (oxymores) qui faisaient mouche.

L’oxymore n’est donc pas en soi manipulateur, mais il peut assez facilement être mis à contribution pour venir soutenir un discours manipulateur. Il agit alors comme un soutien à une idée matraquée sans contestation possible. Allez donc contester des figures de style ! Et pourtant, si le public se rend compte de l’incohérence de la formule, celle-ci perd une bonne part de son pouvoir. Une fois le « truc » éventé, on ne peut plus, comme disent les américains, « remettre le dentifrice dans le tube »… Une manipulation repérée n’en est plus une. Il nous faut donc multiplier les occasions de décoder le langage des médias… au moins, cela les obligera à se renouveler !

Quelques oxymores manipulateurs :

« Le capitalisme à visage humain » pour croire qu’on peut s’enrichir et accumuler des profits en respectant les autres.

« La rupture tranquille » pour permettre à un politicien bien coulé dans le moule de la rupture de rassurer tout de même son futur électorat : il est capable, parfois, de se tenir tranquille.

« Le changement dans la continuité » afin de rassembler les voix à la fois des conservateurs et des réformistes, une manière de rester absolument dans le flou.

« Le développement durable » afin de se persuader qu’un développement infini dans un monde fini est possible dans la durée.

« Une voiture écologique » qui consomme moins, mais dont les pièces ont été rapportées de nombreux pays (avec quel moyen de transport ?) et dont la fabrication a nécessité énormément d’énergie…

Il y en aurait encore beaucoup d’autres : la culture d’entreprise, l’investissement éthique, la discrimination positive, la croissance zéro, la TVA sociale, une révolution douce, la consommation citoyenne … Les domaines de la guerre, de l’économie et de l’écologie sont particulièrement propices à ce langage.

Au fond, il est encore important de préciser que les deux termes de l’oxymore ne sont pas tout à fait à égalité. L’un des deux mots est plus fort que l’autre, dans le sens où il le modifie en lui apportant « un supplément d’âme ». Ainsi, c’est l’écologie qui tente de revaloriser la voiture et c’est la propreté qui vient rendre acceptable la guerre et pas le contraire. C’est ainsi que cette figure de style peut contribuer à rendre admissible ce qui est inadmissible.

Mais rien ne sert de commencer aujourd’hui une guerre contre les oxymores : il faut juste les repérer et ne plus être dupe.

Dani

Manipulés par les oxymores dans Des mots ! 2468652174_345a034608

Le Matin bleu et l’initiative anti-4×4 : vite vu, vite revu…

7 juillet, 2008
Divers | 1 réponse »

Le Matin bleu du 15 juin 2008 : L’initiative anti-4×4 patine sec

Le Matin bleu du 6 juillet 2008 : L’initiative « anti-4×4″ a recueilli 130 000 signatures

http://www.lematin.ch/fr/actu/suisse/l-initiative-anti-4×4-patine-sec_9-176983

http://www.lematin.ch/fr/actu/suisse/l-initiative-anti-4×4-a-recueilli-130-000-signatures_9-191296


Le Matin bleu et l'initiative anti-4x4 : vite vu, vite revu... 4x4_article

Il est parfois intéressant de suivre les journaux dans la durée, même sans dépasser quelques semaines. Le Matin bleu avait publié un article sur l’initiative anti-4×4 des jeunes verts à la mi-juin, croyant certainement pouvoir être le premier à annoncer un échec. Aujourd’hui, il publie un article annonçant au contraire le succès de l’initiative…

Par contre, pas question de mea culpa ou même de faire la moindre allusion à cette contradiction en l’espace d’à peine trois semaines. Pourtant, le 15 juin, le journal bleu ne lésinait pas sur les termes, titrant « l’initiative anti-4×4 patine sec » puis poursuivant avec « l’initiative a du plomb dans l’aile ». Le Matin bleu était donc bien convaincu de l’échec cuisant de cette initiative et argumentait en précisant que le texte n’avait jusqu’alors récolté que 90’000 signatures et qu’il ne restait que 15 jours pour atteindre les 105’000 nécessaires (100’000 + une petite marge de sécurité). Il se demandait même « Les Suisses seraient-ils moins écolos qu’on ne le pense » dans un magnifique exercice de généralisation abusive, alors que la récolte de 100’000 signatures sur un thème ou un autre n’est en rien révélatrice du comportement général d’une population de 7 millions et demi d’habitants.

Le succès de la récolte de signatures est-il ainsi brusquement arrivé entre fin juin et début juillet ? Les conditions de la récolte ont-elles radicalement changé ? Difficile à croire. Si l’on suit le journal, il faudrait admettre une récolte de 40’000 signatures en 20 jours, soit 2’000 par jour, plus de 80 par heure y compris la nuit. Du jamais vu !

Plus sérieusement, tout porte à croire que le rédacteur (et le rédacteur en chef) se réjouissait d’avance de l’échec d’une initiative qu’il ne porte certainement pas dans son coeur (ou dans son coffre) et qu’il a réagi un peu vite à quelques bruits évoquant des difficultés. En réalité, les initiants n’ont jamais eu de réelles inquiétudes, comme ils le confirmaient sur les stands de récoltes de signatures à peine quelques jours après le premier article : un grand nombre de cartes de signatures étaient encore en train d’être rassemblées au sein des sections locales et d’associations. Il en va ainsi de la plupart des initiatives… D’autre part, les 15 jours restants correspondaient en réalité à un délai d’organisation interne aux initiants et le délai réel était bien fixé au 27 août (et on sait que l’été est assez favorable aux signatures, notamment lors des festivals).

Comme souvent, une certaine presse veut aller trop vite, surtout si elle est confirmée dans ses préférences idéologiques. Dans le cas présent, on peut pourtant imaginer qu’elle a peut-être eu un effet contraire, en motivant de nouveaux signataires. Il n’en reste pas moins que ce genre de journal est capable de raconter des salades, puis d’annoncer finalement le contraire sans la moindre autocritique.

Dani

Les pédagogues de la semaine – 3 (30 juin au 4 juillet 2008)

5 juillet, 2008
Divers | Commentaires fermés

Dans les médias, entre le 30 juin et le 5 juillet 2008
Quelques articles ou interventions que j’ai envie de mettre un peu en évidence :

 

Interview de Hugues Royer (par Michel Audétat) : «Le people traduit un désir de régression infantile» – L’hebdo du 26 juin au 2 juillet)

L’auteur d’un livre sur les « people » répond à des questions et explique la fascination d’une partie des lecteurs et téléspectateurs pour les faits et gestes des personnes les plus en vues.

http://www.hebdo.ch/edition/2008-26/mieux_comprendre/societe/hugues_royer_le_people_traduit_un_desir_de.htm

 

Article d’André Gavillet – Domaine public, le 1er juillet 2008 : Assurance-chômage : la tare du déséquilibre

Partial, forcément, mais très pédagogue tout de même (en plus, je suis tout à fait d’accord avec lui !). Bref, André Gavillet cerne très rigoureusement les enjeux des propositions du Conseil fédéral en rapport avec l’assurance-chômage.

http://www.domainepublic.ch/files/articles/html/9877.shtml

 

Billet de « Kalvin Whiteoak » sur son blog « Ouvertures.info » (5 juillet) : UBS, crédit d’impôts (suisses) et médias ridicules

Quelques clarifications bienvenues sur les soi-disant « arrangements d’impôts » de l’UBS en rapport avec ses résultats.

http://ouvertures.info/international/suisse/ubs-credit-dimpots-suisses-et-medias-ridicules/

Bonne lecture !

Dani

Dépénalisation, légalisation, libéralisation, confusion…

4 juillet, 2008
Des mots ! | Commentaires fermés

Site de la Télévision suisse romande, 4 juillet 2008 – Chanvre: de la prohibition à la régulation

http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=200001&sid=9297513

(Texte de l’initiative populaire : http://www.admin.ch/ch/f/pore/vi/vis325t.html )

L’onglet de la page principale du site de la TSR indique : « Chanvre, un comité interpartis s’engage pour la dépénalisation« . Un clic permet d’accéder à la page consacrée à cette information sur laquelle on trouve un nouveau titre : « Chanvre : de la prohibition à la régulation ». Les mots en « tion » s’accumulent, mais pas forcément dans la plus grande des clartés. Un petit tour sur le site de la Confédération permet d’y voir un peu plus clair, du moins pour le citoyen qui n’avait pas suivi avec attention le dépôt et la récolte de signatures en faveur de cette initiative (c’est mon cas).

Les débats autour de la question du cannabis sont généralement d’une grande confusion. Les mots dépénalisation, légalisation et libéralisation sont utilisés tour à tour comme s’ils étaient des sortes de synonymes. Or, ce n’est de loin pas le cas. De plus, il conviendrait à chaque fois de préciser de la dépénalisation ou de la légalisation de quoi on parle. Sans cela, on se retrouve dans un discussion de bistrot imprécise qui n’aura aucune chance d’aboutir à plus de clarté pour le lecteur-citoyen.

Dépénalisation (de la consommation surtout) : Cela signifie qu’on renonce à punir pénalement (en lui infligeant une contravention ou par une peine de prison) le consommateur de drogues. Cela n’implique en rien une légalisation ou une libéralisation des produits en question. On arrête juste de punir les « victimes » que sont les consommateurs. Cela n’implique pas forcément d’ailleurs une levée de l’interdiction, car une confiscation ou des amendes administratives (donc non-pénales) resteraient possibles. Par contre, une dépénalisation de la production et de la vente équivaudraient quasiment à une légalisation ou à une libéralisation de fait. On peut aussi imaginer d’autres variantes de dépénalisation qui engloberaient par exemple également l’auto-production.

Légalisation : Ici, il s’agit d’inscrire dans la loi que des produits considérés comme des drogues sont autorisés, du moins en respectant certaines conditions prévues par la loi. Dans les faits, la légalisation pourrait signifier que l’Etat prenne en charge la question à la place de la laisser au marché (aujourd’hui illégal). Une légalisation peut prendre toutes sortes de formes, de très ouvertes à très strictes et limitées (comme en Suisse dans le cas de la prescription médicalement assistée de l’héroïne, par exemple). La légalisation n’implique pas forcément une libéralisation. En effet, la chose n’est pas libre si l’Etat décide de tout contrôler, soit par le biais d’un monopole public, soit par l’octroi de concession ou une autre forme de contrôle direct.

Libéralisation : Cette option consisterait à décider de considérer les drogues comme des produits ordinaires et à en permettre le commerce. Dans cette solution, l’Etat se contenterait d’un contrôle indirect (par exemple les règles d’hygiène) comme il le fait pour les yogourts ou pour la viande.

Dépénalisation, légalisation, libéralisation, confusion... dans Des mots ! 8474

Comme on peut le constater, il y a plus que des nuances entre les trois concepts. Ces différences sont souvent ignorées dans de nombreuses conversations et on pourrait attendre des médias qu’ils contribuent à une certaine clarification. Ce n’est pas très souvent le cas malheureusement et l’article cité en préambule n’échappe pas à ce piège. Il évoque en titre une dépénalisation, mais glisse ensuite très vite sur une régulation (des règles, donc une légalisation) pour décrire une initiative qui comporte plusieurs volets différents. Pas suffisamment clair : franchement, à la lecture de l’article, on ne sait pas vraiment de quoi il s’agit.
Qu’en est-il en définitive de cette initiative évoquée sur la page de la TSR ? L’alinéa de l’article 105a proposé comme amendement à la Constitution fédérale énonce clairement une dépénalisation de la consommation, de la possession et de l’achat pour son propre usage du chanvre. L’alinéa 2 propose la même chose pour la culture personnelle. Par contre, l’alinéa 3 est assez différent : « La Confédération édicte des prescriptions concernant la culture, la production, l’importation, l’exportation et le commerce des substances psychoactives du chanvre ». Et c’est certainement sur ce troisième alinéa que vont se focaliser bien des débats, car il ouvre une perspective de légalisation en prévoyant l’importation et l’exportation.

Seule des distinctions rigoureuses dans les termes peuvent autoriser une réflexion saine et sérieuse sur la question. Si on pouvait éviter une énième guerre de religion sur cette question, ce serait pas mal et les mots joueront un rôle là-dedans… Merci d’avance aux médias de contribuer à la qualité du débat !

Dani

P.S. : On retrouve les mêmes ambiguïtés sur le site de Swissinfo :  http://www.swissinfo.ch/fre/24_heures_en_suisse/Cannabis_depenaliser_serait_raisonnable.html?siteSect=104&sid=9298283&cKey=1215188243000&ty=nd

 

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