Le Matin du 29 juillet 2008 : Affaire Kadhafi: la Suisse pourrait suspendre la procédure juridique
http://www.lematin.ch/fr/actu/suisse/detail.php?idIndex=9&idContent=206673sondage_bloc
L’histoire qui tient en haleine la presse helvétique depuis une semaine est au fond assez simple, elle tient en quelques lignes :
1) Un fils à papa très riche est arrêté à Genève sur plainte de mauvais traitements et de violences de ses employés. Il passe deux nuits emprisonné et est finalement libéré sous caution, alors que la procédure judiciaire se poursuit. Rien à redire.
2) Comme il s’agit du fils du dictateur lybien, celui-ci décide de « faire payer » à des suisses (donc emprisonnés dans son pays en représailles) cette « impudence ».
3) Les autorités suisses cherchent une issue, les journaux font des pages sur les risques de la crise et les solutions possibles.
Aujourd’hui, Le Matin poursuit avec l’étude des « moyens juridiques possibles » (c’est bien pratique en cette période de creux estival). Il interroge donc un professeur de droit afin de savoir si l’abandon des poursuites judiciaires contre le protégé serait réalisable. Jusque-là, tout est simple, ou presque.
Mais, justement, l’emploi trop constant du « conditionnel » pour anticiper des événements (pour être plus rapide que ses concurrents) conduit les lecteurs à comprendre de travers le titre d’aujourd’hui : « La Suisse pourrait suspendre la procédure » ne devait pas signifier qu’elle a l’intention de le faire ou qu’elle va le faire, mais bien qu’un professeur de droit interrogé estime qu’elle aurait le droit de le faire. Rien à voir ! Le journal devrait donc différencier ses emplois du conditionnel car son titre du jour est fort ambigu. Alors qu’il aurait pourtant pu écrire : « Les lois suisses permettraient une suspension de la procédure ».
Qu’est-ce qui permet de dire que le titre manque de clarté et que les lecteurs vont mal comprendre ? Un échantillon, ceux qui ont laissé un commentaire : on prépare la populace à encaisser une injustice, la Suisse va certainement céder sur des points de détails juridiques, nous vivons dans un Etat de passe-droit, ceci est le premier pas pour se prosterner…, et voilà… c’était à prévoir, il y a vraiment deux poids deux mesures dans ce monde, on va une fois de plus baisser notre pantalon, c’est là qu’on voit qui commande en réalité, etc. Finalement, l’un d’eux répond : « Euhh… Calmez-vous, les gens. L’article ne dit pas que la Suisse (ni le canton de Genève) est en train d’abandonner la procédure. Il dit simplement qu’il est juridiquement possible de le faire. Ne vous laissez pas avoir par le titre insidieux du journaleux ».
Une fois de plus, un titre qui pousse à l’incompréhension. Deux solutions sont possibles : soit que Le Matin fasse un gros effort dans sa titraille, soit que les lecteurs lisent les articles jusqu’au bout. Pour l’instant, je garde encore un léger espoir en faveur de la deuxième solution…
Dani
P.S. : …et la clarification vient d’arriver avec la libération des 2 suisses…