Piques et répliques – 2

Quelques réflexions critiques sur tout et rien

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Archive pour le 24 juillet, 2008


Etymologies journalistiques

24 juillet, 2008
Des mots ! | Commentaires fermés

En rapport avec la presse écrite…

C’est l’été, la presse remplit partiellement ses pages avec des banalités… et moi aussi ! Ci-dessous, je vous propose une petite friandise, un petit retour sur l’origine de quelques mots utilisés quotidiennement ou presque lorsqu’on évoque l’information.

Journal :

Assez naturellement, je commence avec ce mot qui était d’abord un adjectif, venu à travers le moyen-âge de « diurnalis » (ayant glissée en jornalis ou jurnalis) et dérivant du latin « diurnum » (de jour). On reconnaît nos mots actuels « diurne » et « jour » sans difficulté. A l’origine, « diurnalis » ou « jornalis » désignait la surface labourable en une journée de travail et ce n’est que plus tard qu’il est devenu substantif et qu’il a permis de désigner le fait de relater les actes d’un jour. Dès le XVIIe siècle, il va désigner une publication périodique, d’abord savante (ce qu’on appelle aujourd’hui généralement une revue), puis va rivaliser quelques temps avec l’italianisme « gazette » avant de s’imposer. Il deviendra également « journal parlé » au XIXe et « journal télévisé » au XXe siècle… Et au XXIe ?

Il donnera aussi « journaliste » qui va remplacer au XVIIIe siècle « nouvelliste » qui désignait celui qui faisait le journal. On dérive également de manière péjorative en « journaleux ».

Presse :

C’est le supin « pressum » du verbe latin « premere » qui va donner « pressare » pour signifier « exercer une pression » ou « serrer pour obtenir un liquide » (du vin ou de l’huile…). A partir du XIIIe siècle, le mot presser s’utilisera pour marquer une empreinte ou imprimer. La « presse » va tout naturellement devenir le mécanisme capable d’exercer cette pression, puis avec l’apparition de l’imprimerie au XVe siècle la machine à imprimer elle-même : c’est l’origine de la locution « mettre sous presse ». Par métonymie, le terme va désigner ensuite le nombre de feuilles que les imprimeurs auront tiré en un jour (tiens, on retrouve la même logique qu’avec le mot journal). Enfin, par extension, cela devient l’ensemble des journaux et périodiques puis l’ensemble des journalistes. On pourra ainsi « avoir bonne ou mauvaise presse ».

Etymologies journalistiques dans Des mots ! pressoir

Magazine :

Parfois, les mots circulent d’une langue à l’autre. Ainsi, le mot « magazine » est emprunté à l’anglais à la fin du XVIIIe siècle, alors qu’il avait été emprunté par les anglais au français deux siècles auparavant sous la forme de « magasin ». Les français eux-mêmes, par l’intermédiaire des italiens, l’avaient repris des arabes chez qui il signifiait « entrepôt », au pluriel. Les anglais, au sens figuré, en ont fait un « ensemble ou arsenal d’informations » et c’est sous cette forme qu’il nous est revenu.

entrepot dans Des mots !

Rédaction :

C’est un emprunt au bas latin « redactio » au XVIe siècle qui signifiait alors « réduction » en mathématiques (du supin « redactum » du verbe ridigere – rédiger). Après séparation entre rédaction et réduction (avec les journaux gratuits, on en reviendrait presque aux origines !), il se fixe au XVIIIe siècle comme l’activité de celui qui rédige, puis comme l’équipe de rédacteurs.

Abonnement :

Celui-ci ressort du latin médiéval « abonnare » qui a hésité entre aborner, abourner, abonner et d’autres formes encore. Issu de « borne », il signifiait donc « fixer une limite », mais son sens a par la suite glissé vers « être mis en possession de » et prendra donc le sens d’ « avoir une convention moyennant un paiement déterminé à échéances fixes ». Abonner et abonnement se suivent tout au long de cette évolution qui conduit à l’abonnement de journal sous la révolution, dès 1798.

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Editorial :

Encore un emprunt à l’anglais, dérivé de « editor » pour le directeur ou le rédacteur en chef d’un journal. L’origine du terme est le latin impérial « editor ».

Canard :

S’il désigne aujourd’hui péjorativement un journal de peu de valeur, il est issu à la base d’une « fausse nouvelle lancée dans la presse », qu’on nommait justement « canard ». Repris ironiquement par le « Canard enchaîné », lecture pourtant hautement recommandable…

canard

Quotidien :

On peut facilement reconnaître son origine latine en deux parties, « quot » (pour combien) et « dies » (pour jour, qu’on retrouve encore et « toujours »). Il désigne donc ce qui revient chaque jour. Le mot avait évolué en cotidien ou cotidian, mais une réfection orthographique l’a ramené à ses origines étymologiques au XVe siècle. D’abord adjectif, il a été substantivé dès le XIXe siècle.
Et voilà… Je me suis bien aidé du « Dictionnaire historique de la langue française » des éditions Robert. Une merveille !
Dani

 

… et vive les vacances !!! 

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