Site internet Swissinfo – 30 mai 2008 : Nicolas Hayek veut lancer une voiture propre
Swissinfo est un site d’informations qui a trouvé sa place dans les médias suisses. D’ailleurs, ses informations sont reprises par d’autres médias. Aujourd’hui, toutefois, il semblerait que les rédacteurs du site se soient mis à croire aux miracles…
Reprenant l’essentiel d’une dépêche de l’ATS, l’article s’enthousiasme : « Il s’agit de mettre au point un système de propulsion qui n’émet pas de substance nuisible » pour faire rouler un véhicule commercialisable. Il s’agit d’un projet de « voiture verte » du fondateur de Swatch, Nicolas Hayek. Et celui-ci est tout simplement devenu un faiseur de prodiges, puisque « la vapeur est le seul «déchet» produit » (l’article précise que dans les piles à combustible, hydrogène et oxygène réagissent et se combinent sur une membrane pour former de l’eau).
Merveilleux, n’est-ce pas ? C’est extraordinaire, l’hydrogène… Il y en a plein partout, dans l’eau (H2O) et cela ne pollue pas tout en permettant de propulser des voitures. Dire que certains en sont encore au pétrole ! Ce qui est à mon avis le plus extraordinaire, c’est surtout qu’on puisse publier sans ciller un article aussi simpliste que de nombreuses personnes liront avant d’aller chanter partout qu’il n’y a aucun souci à se faire puisqu’on va tous très bientôt rouler à l’hydrogène…
Swissinfo est souvent un site sérieux et propose des dossiers intéressants. Mais là, c’est carrément mauvais. Comment peut-on affirmer qu’il s’agit d’une solution écologique sans se demander d’où proviendra l’hydrogène en question. Celui-ci ne se ramasse pas à la pelle dans la nature, dont il est presque totalement absent à l’état naturel. Il va falloir le produire, en le séparant de l’oxygène, ce qui nécessitera d’énormes quantités d’énergie. Comme l’électricité, l’hydrogène n’est pas une énergie primaire, mais simplement un vecteur, une forme secondaire d’énergie fabriquée à partir d’une source primaire. Il faut donc recourir à une autre source d’énergie, consommer et éventuellement polluer pour le produire. Aujourd’hui, on recourt fréquemment à la combustion d’énergies fossiles (pétrole ou gaz) pour produire de l’hydrogène. Et ne parlons même pas des quantités de platine (très cher !) nécessaires à la production des piles à combustibles… !
Bref, cet article est vraiment trop incomplet. D’autres médias se sont au moins donnés la peine de faire allusion aux moyens imaginés par Nicolas Hayek pour produire son carburant, mais sans toutefois réellement évaluer la question. Alors que nous sommes aujourd’hui entrés de plain-pied dans le débat public sur l’avenir énergétique, on peut attendre des organes d’information qu’ils ne cèdent pas à un enthousiasme béat aussi facilement. La recherche et les tentatives d’utilisations d’alternatives comme celles-ci sont utiles et intéressantes, mais il s’agit d’en montrer aussi les limites et les difficultés d’utilisation.
Bref, quel sera le prochain thème de Swissinfo : le mouvement perpétuel, la pierre philosophale ?
Dani