Piques et répliques – 2

Quelques réflexions critiques sur tout et rien

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Archive pour le 12 mai, 2008


Partis de droite, du centre-droite, du centre, de partout ?

12 mai, 2008
Divers | Commentaires fermés

Le TEMPS – Quelques articles relevés entre le 2 et le 10 mai 2008

Depuis le 11 septembre 1789, à l’occasion du débat sur le droit de veto du roi à l’assemblée nationale issue de la révolution française, on a coutume de classer les partis politiques, les idéologies et même le simple citoyen sur un axe gauche-droite. Si cette opposition séparait à l’origine les monarchistes et les libéraux révolutionnaires, elle n’a pas cessé ensuite d’évoluer et surtout de s’étendre en dehors de sa patrie d’origine.

Le gouvernement de Front populaire de 1936, en France, réunissait ainsi les radicaux et les socialistes, soutenus par le parti communiste. Généralement, le XXe siècle à vu s’opposer une gauche socialiste à une droite libérale ou conservatrice. Il n’empêche que la logique de ce clivage reste souvent obscure et que chacun y va de sa propre appréciation, souvent influencée par son positionnement personnel. Il reste que certains critères font globalement consensus chez les spécialistes.

 

Partis de droite, du centre-droite, du centre, de partout ? 250px-Bundeshaus_-_Nationalratsratssaal_-_001

 

Or, la lecture des quotidiens donne parfois le tournis tant les partis et les coalitions peuvent valser de gauche à droite, en glissant à travers des centre gauche et des centre droite opportuns… Je vais me référer ici au quotidien « Le Temps » sur environ une semaine pour tenter de le démontrer.

Le 2 mai, à l’occasion des élections étudiantes à l’UNIL, le journal évoque les jeunes libéraux, radicaux et démocrates-chrétiens comme représentant du « centre droite ». Mais un peu plus loin dans le journal, les mêmes deviennent des étudiants « déclarés à droite » et des « juniors de droite ».

Le 3 mai, ce sont cette fois-ci, au plan fédéral et à l’occasion d’une prise de position quant à une votation proche, les PDC, Verts libéraux et évangéliques qui représentent le « centre-droite ».

Le 6 mai, l’entente bourgeoise genevois (radicaux, libéraux et PDC), à propos des trois voies de l’autoroute, est clairement située à « droite ». Mais le même jour, dans un article évoquant les envies de scission au sein de l’UDC, les libéraux sont qualifiés de « forces centristes », on imagine une « force de droite supplémentaire » (une alliance d’UDC modérés et de libéraux), voire un grand parti de « centre-droit » (union libérale-radicale). On finit enfin par les « partis de la droite traditionnelle » en parlant des PDC, radicaux et libéraux.

Le 7 mai, la « droite politique » est figurée par le PDC, les radicaux, l’UDC et le parti libéral, alors que le 8 mai, la chronique de François Gross « Allô, le centre » interpelle les radicaux et les démocrates-chrétiens comme « partis du centre ». Le même jour, le même journal évoque une alliance du « centre-droit » vaudois avec radicaux, libéraux et UDC et enfin, le 10 mai, « la droite » (c’est-à-dire le PDC et le PRD, et éventuellement l’UDC) désire dans Le Temps faire pression pour accélérer les réformes sociales.

Difficile à suivre, n’est-ce pas ? Les mêmes partis occupent tour à tour le centre, la droite, le centre droite. A cela, il faudrait ajouter qu’un parti très à droite, l’UDC, se donne un nom de « parti démocratique du centre » et que l’éventualité d’un conseil fédéral composé d’une majorité radicale et démocrate-chrétienne avant les élections d’octobre 2007 était régulièrement qualifiée de « centre-gauche »! Bref, plus personne ne s’y retrouve…

On pourrait tenter de remettre un peu d’ordre dans tout cela. Tout d’abord, il faut faire remarquer que le clivage gauche-droite peut être utilisé au sein d’un parlement ou au sein d’une population. Ainsi, il n’y a pas de doute que le PDC est bien situé au centre de l’hémicycle du conseil national, avec les socialistes et les verts à sa gauche et les radicaux et l’UDC à sa droite. Au fond, cela pourrait d’une certaine manière offrir un repère relativement objectif. Toutefois, les résultats des élections évoluent et cette situation pourrait aussi changer. On peut donc également se référer à la tradition idéologique et éventuellement comparer avec des pays voisins. Dans ce cas, le même PDC rejoindrait la droite étant donné ses préférences idéologiques générales en faveur de la liberté d’entreprise, d’un certain conservatisme social et de ses alliances électorales avec le reste de la droite. Si le PDC était réellement au centre, on devrait, au moins de temps en temps, éventuellement localement, le retrouver allié à une partie de la gauche. Par contre, classer les radicaux, les libéraux et l’UDC au centre droite n’a aucun sens, ni en tenant compte de leur place dans un hémicycle, ni en tenant compte de leurs préférences idéologiques. Imagine-t-on sérieusement semblable procédé à gauche, avec des socialistes au centre et le POP au centre-gauche ?

Non, décidément, il y a ici un jeu très ambigu. Un parti ne peut pas décemment occuper à la fois le centre, le centre droite et la droite. Il devient nécessaire de clarifier et ce serait notamment le travail de la presse, et en particulier d’un quotidien dit « de référence », de le faire. On pourrait en effet attendre une certaine cohérence ou en tout cas une certaine continuité dans l’usage de ces qualificatifs.

Parfois, le POP est situé à l’extrême-gauche. Pourquoi l’UDC, qui défend des positions parfaitement inverses, n’occuperait pas alors l’extrême-droite ? D’ailleurs, un parti qui défend le « droit à l’arbitraire national » correspond clairement sur ce genre de points aux partis d’extrême droite des pays voisins. De même, les partis qui défendent une vision libérale de la société (une minorité désormais de l’UDC, les libéraux et les radicaux) devraient clairement se situer à droite, sans ambiguïté. Reste donc le cas des partis minoritaires tels que le PDC, les verts libéraux et les évangéliques (regroupés au parlement fédéral). Etant donné des alliances ponctuelles avec des partis dits de gauche, on peut alors leur accorder le bénéfice du centre, mais plus précisément du « centre droite » étant donné leurs préférences électorales très claires. Et pourquoi n’y aurait-il pas aussi un « centre gauche », après tout ?

Il faut arrêter de céder trop facilement « le centre ». Il est un atout électoral et chacun le sait pertinemment, surtout les journalistes politiques. Il faudrait exiger ici plus d’impartialité !

Dani

 

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P.S. : J’ai parfois rencontré des gens qui me disaient que les journaux étaient « de gauche ». Lorsque je demandais « Le Temps, aussi ? », on m’a parfois répondu affirmativement. J’ai quatre hypothèses :

1) La personne ne sait pas lire

2) La personne n’a aucune idée du clivage gauche-droite

3) La personne ne lit pas Le Temps

4) La personne est tellement « au fond à droite » que tout le reste est à gauche

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